- L’épidémie de bronchiolite, qui frappe principalement les bébés, s’est étendue à presque tout l’Hexagone, la Corse étant la seule épargnée, selon les chiffres de Santé publique France.
- Dans ce contexte, les urgences pédiatriques des Hauts-de-France, de Normandie et d’Île-de-France sont saturées, a appris France Inter.
- En raison du manque de lits dans les services franciliens, 14 bébés ont été transférés vers d’autres régions.
Il y a un mois, l’Île-de-France était la première région à passer en phase épidémique pour la bronchiolite. Si presque toutes les régions de France métropolitaine sont désormais en alerte épidémique, les lits commencent à manquer cruellement dans les services pédiatriques franciliens qui ont déjà dû transférer 14 bébés vers d’autres régions, selon les informations de France Inter (nouvelle fenêtre). Ces derniers ont principalement été transférés vers les CHU de Reims et Rouen, précisent nos confrères, soulignant que les services pédiatriques hospitaliers des Hauts-de-France et de Normandie sont eux aussi totalement saturés.
« Nous avons 36 lits dans ce service, et 36 lits occupés, pleins »,
illustre auprès de France Inter Naïm Ouldali, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris, qui dispose du plus grand service pédiatrique d’Île-de-France.
Seule la Corse est épargnée
Depuis la semaine du 24 au 30 novembre, la carte de France hexagonale est intégralement rouge, à l’exception de la Corse, encore en phase pré-épidémique, comme la Martinique et la Guadeloupe outre-mer, selon le dernier bulletin hebdomadaire publié mercredi 3 décembre par Santé publique France. Au cours de cette dernière semaine de novembre, 3.000 nourrissons ont ainsi été reçus aux urgences, dont 974 ont dû être hospitalisés. « Le taux de détection du VRS (virus respiratoire syncytial) tous âges était en augmentation dans les prélèvements nasopharyngés réalisés par les laboratoires de biologie médicale en ville et à l’hôpital »,
détaille ainsi l’agence de santé publique.
La bronchiolite est, pour rappel, une maladie respiratoire fréquente, causée le plus souvent par le virus respiratoire syncytial, qui touche chaque hiver 30% des bébés de moins de 2 ans. Si elle est généralement sans gravité, cette affection est susceptible de provoquer des complications chez les nourrissons et de les conduire à l’hôpital, en particulier quand ils ont moins d’1 an et, plus encore, quand ils sont âgés de seulement quelques mois.
Certains hivers, la saturation des services d’urgence et de réanimation pédiatriques, notamment en Île-de-France, nécessite des transferts d’enfants en province. Ce fut le cas au cours de l’hiver 2022-2023, frappé par une épidémie de bronchiolite précoce, lors duquel 28 transferts en réanimation pédiatrique vers d’autres régions étaient déjà recensés au 31 octobre, mais aussi au cours de l’hiver 2019-2020.
Des infections évitables
Au cours de la saison 2023-2024, les premiers effets du traitement préventif contre la bronchiolite Beyfortus (nirsevimab), disponible depuis le 15 septembre 2023 en France, ont commencé à être observés. Ce dernier réduit de 83% en moyenne le risque d’hospitalisation des bébés de moins d’1 an, selon une méta-analyse publiée en mai 2024, regroupant 27 études menées dans cinq pays au cours de cet hiver-là. Depuis, une campagne d’immunisation contre le VRS est lancée chaque année. Mais mi-novembre, l’anticorps monoclonal Beyfortus, disponible donc pour la troisième année consécutive, n’avait été administré qu’à 46% des bébés nés entre les mois de février et août derniers, avait déploré la Société française de pédiatrie, lançant un appel aux parents.
« La grosse majorité des parents dont les enfants sont hospitalisés pour une bronchiolite ne sont pas au courant de l’existence de ces produits-là, ils n’ont juste pas été informés »,
observe encore le Dr Naïm Ouldali, évoquant des infections évitables par la vaccination et insistant sur le fait qu’il est encore temps de protéger les bébés. Pour rappel, les enfants nés à partir du 1er septembre et jusqu’à la fin de la campagne pourront recevoir une dose de Beyfortus en maternité quelques jours après la naissance. Pour ceux nés avant cette date, c’est au pédiatre ou au généraliste de prescrire le Beyfortus.







