Le rugbyman Gérard Bertrand, le tennisman Michaël Llodra et le footballeur Antoine Devaux ont tous trois connu, dans leur sport, l’ivresse de la compétition au plus haut niveau. Une fois leur carrière achevée, ils se sont reconvertis dans le vin et exercent désormais des métiers complémentaires. Mais qu’il s’agisse de produire, de vendre ou de faire déguster des bouteilles au restaurant, ces champions ont une vie professionnelle non sans lien avec leurs souvenirs sportifs.
Gérard Bertrand : « J’étais un rugbyman-vigneron »
L’ex-rugbyman, à la tête de dix-sept domaines dans le Languedoc, est l’un des plus grands producteurs de vin au monde.
« En 1987, quand mon père est mort dans un accident de la route, j’avais 22 ans et j’ai repris sa propriété de vin dans les Corbières. Je jouais alors au très haut niveau, à Narbonne, mais il me fallait un métier. Je suis donc devenu “rugbyman-vigneron” jusqu’à mes 30 ans.
Mon père me disait toujours que le vin et le rugby, c’est pareil, que mille et un détails font pencher la balance d’un côté ou de l’autre. C’est vrai, chaque millésime est comme un nouveau match, on ne refait jamais la même chose, et c’est pour ça que c’est passionnant. En rugby aussi, il n’y a pas de match facile, c’est une remise en question tous les dimanches. Avec trois cents rencontres en première division, j’ai appris à ne pas renoncer face à l’adversité et à rechercher l’excellence.
Tout cela m’a nourri pour ma vie d’après. Par exemple, quand j’ai décidé de passer en biodynamie, parce que c’est ce qu’il y a de meilleur pour la vie des sols et pour la planète, c’était un sacré pari au début des années 2000. Vous n’imaginez pas les critiques que j’ai entendues… Aujourd’hui, nous sommes leader mondial avec 1 000 hectares certifiés. Nos vins profitent de la biodynamie : les pH ont baissé, les acidités sont remontées, cela offre une meilleure fraîcheur.
Le vigneron a un lien charnel à sa terre, puisqu’il cherche à délivrer le goût d’un terroir, et c’est pareil au rugby – on ne joue pas pareil à Bayonne, à Narbonne ou à Clermont-Ferrand ! C’est la raison pour laquelle j’ai toujours vécu le vin comme une aventure collective : on ne tire jamais la quintessence d’un assemblage tout seul. Je travaille donc directement avec mon maître de chai. Bien sûr, comme lorsque j’étais capitaine, je sais assumer mon leadership auprès de mes 450 salariés. Mais le vin comme le rugby restent d’abord un travail d’équipe. »
Michaël Llodra : « Je suis allé au dernier Roland-Garros avec plein de bouteilles dans mon sac »
Il vous reste 64.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.