Le retour du Soulier de satin au théâtre ? Un événement à nul autre pareil. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la dernière création de la pièce de Paul Claudel. Qu’allait-elle devenir dans les mains du metteur en scène Eric Ruf ? Une ode au mysticisme, une célébration de l’écriture, une odyssée planétaire ? A la Comédie-Française, toutes ces lectures affleurent et toutes se plient à l’évidence : c’est le corps (des acteurs et des personnages) qui exulte jusqu’à provoquer l’ovation du public.
Alors qu’il s’apprête à quitter en août 2025 les fonctions d’administrateur qu’il occupe depuis onze ans, Eric Ruf peut être fier du travail accompli. Avec cette représentation d’une limpidité exemplaire, il prend congé, la tête haute, d’une troupe dont il magnifie le talent par un hommage où se conjuguent l’ambition et l’humilité. D’une durée hors norme (huit heures trente entrecoupées de deux entractes et d’une longue pause), son Soulier impose sa sensualité dans l’aridité nue de la salle Richelieu. Un écrin noir où s’impriment les présences de comédiens vêtus avec superbe par Christian Lacroix.
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