Depuis l’enfance, Olivia Gay se dit l’amie des arbres, et elle ne manque pas une occasion de le prouver, par exemple, à travers un disque, publié en 2022 par Fuga Libera sous le titre de Whisper Me a Tree (« murmure-moi un arbre »). Cet été, la violoncelliste de 37 ans manifeste son engagement environnemental grâce à un programme, Le Silence de la forêt, qui lui a valu le statut d’ambassadrice du fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt.
Vendredi 19 juillet, elle inaugurait dans la réserve du Val-Suzon (Côte-d’Or), au nord-ouest de Dijon, la série de sept séances de sensibilisation comprenant parcours dans les bois avec un représentant de l’Office national des forêts (ONF), conférence donnée par un luthier local et concert en duo. Un micro dans une main, un archet dans l’autre, Olivia Gay fait part de ses motivations au public, qui termine son pique-nique devant l’estrade où elle a pris place, avec le pianiste Aurélien Pontier, son compagnon d’« aventure sylvestre ».
A l’image de nos voisines, qui ont appris un peu plus tôt que le commerce illégal des arbres était aussi lucratif que le trafic de cocaïne, la plupart des auditeurs sont bien disposés à l’égard de la musicienne qui, par le biais d’une fable écologique en huit tableaux, va les inviter à suivre la destinée emblématique d’une graine d’épicéa. Pour l’heure, le « silence de la forêt » n’est que théorique. Une moto qui pétarade sur la route alentour, un avion qui survole les lieux très bas et, surtout, des enfants qui s’amusent bruyamment sur l’aire de jeu derrière le duo, les perturbations du cadre naturel que la musicienne doit déplorer sont principalement d’ordre sonore.
Affres de la sécheresse
Celle-ci commence néanmoins son récit avant, selon le principe de son parcours métaphorique, de l’illustrer par deux morceaux d’inspiration bucolique (Chanson de Matin, d’Edward Elgar, Papillon, de Gabriel Fauré). Les instruments, non sonorisés, pâtissent de l’acoustique du plein air, mais les musiciens se complètent bien, et l’on attend avec intérêt la suite des événements liés à la croissance de notre petite héroïne végétale. « La graine s’arrête pour méditer sur la nature éphémère de la vie », précise alors Olivia Gay. L’épisode existentiel durera une bonne vingtaine de minutes, au gré des six mouvements de l’épique Im Walde (« en forêt »), de David Popper, qui apparentent Olivia Gay à une prêtresse tour à tour mystérieuse et majestueuse, comme la protagoniste d’un film muet, dont le pianiste assurerait l’accompagnement avec beaucoup d’efficacité dramatique.
Il vous reste 46.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.