Son sweat lilas illumine son visage et des créoles dansent à ses oreilles. Assise à la longue table de la salle à manger qui lui sert aussi de bureau, elle a vue sur un cimetière du 12e arrondissement auquel elle s’est habituée. Inès a 40 ans, deux petits garçons, elle est historienne. Tandis qu’elle partage ce secret qui la grignote autant qu’il la définit, elle fait passer sa bague de doigt en doigt.
L’enfance
Inès naît en France et grandit en banlieue parisienne. Choyée par ses parents, réfugiés politiques arrivés en 1982 d’une dictature communiste dont elle préfère taire le nom, cette enfant unique a un parcours scolaire d’excellence. Elle sait qu’elle porte tous les espoirs de réussite et d’intégration de la famille. Dans ce foyer modeste d’amour et d’exigence, on parle sans cesse du despote honni. On se lève, on dîne et on se couche bercés par les vibrantes diatribes du père. L’homme est aussi prolixe qu’érudit sur l’histoire du pays qu’il a fui, son personnel politique, culturel et même sportif.
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