CONSOMMATION – Mieux vaut voir le baril à moitié plein qu’à moitié vide. L’offensive commerciale massive annoncée par Donald Trump le 3 avril a chamboulé l’économie mondiale, avec la perspective de nouveaux tarifs douaniers américains très élevés. Cette guerre commerciale, qui fait planer un risque d’inflation et de récession sur les marchés, est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs… à un détail près.
La menace douanière du président américain fait dévisser les bourses partout dans le monde ce lundi. Hong Kong a clôturé en baisse de 13,22 % – un record depuis 1997 – et en Europe, Paris avait perdu près de 6 % à 10 heures tandis que le Dax, indicateur référence en Allemagne, dévissait de 6,56 % à Francfort. Mais les bourses ne sont pas les seules à chuter : le prix du pétrole est au plus bas depuis quatre ans. Le baril américain WTI, qui sert de standard dans la fixation des prix, a connu une baisse de 16 % en cinq jours et atteint les 59,51 dollars ce lundi 7 avril à 6h30. Il n’était pas passé sous le seuil des 60 dollars depuis avril 2021.
Donald Trump joue au golf en pleine débandade des bourses après les droits de douane, et ça ne passe pas
« Le moral du marché s’est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n’entraîne une récession de l’économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière », a expliqué à l’AFP Giovanni Staunovo, analyste d’UBS. Le baril de Brent de la mer du Nord, une autre référence pour fixer les prix, continue lui aussi de chuter et se situait à 62,73 dollars ce lundi un peu avant 10 heures.
Sur le papier, la nouvelle a de quoi faire plaisir aux consommateurs d’essence et de fioul, puisque cette baisse du prix du pétrole devrait se ressentir à la pompe d’ici une dizaine de jours. Une analyse partagée ce lundi par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, invitée de la matinale de TF1. « Ça va faire un petit peu de bien au pouvoir d’achat, c’est la petite bonne nouvelle dans cet univers un peu inquiétant économiquement », a-t-elle déclaré.
Une « bonne nouvelle » qui n’en est pas vraiment une
Pour autant, l’ex-sénatrice de droite ne dit « pas merci » à Donald Trump, rappelant que la panique boursière créée par le président américain ne sera pas sans conséquences en France. « Nous savons que la contraction du commerce international va entraîner des récessions dans tous les pays », a pointé Sophie Primas, évoquant de « moindres progressions » et des « moindres croissances ».
Face aux nombreuses incertitudes, l’activité économique mondiale se dirige vers un « ralentissement significatif », expliquait Arne Lohmann Rasmussen, analyste de Global Risk Management interrogé par l’AFP le 4 avril dernier. Si le pétrole baisse, c’est aussi parce que les entreprises anticipent un ralentissement de leur production et donc de leur consommation d’énergie. À cette situation économique s’ajoute la décision inattendue de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) d’ouvrir les vannes et d’augmenter la production d’or noir, favorisant encore plus la baisse des prix.
En plus du risque de récession, les annonces de Donald Trump font courir un risque inflationniste, en premier lieu sur les consommateurs américains qui ont peu de chances d’échapper à une flambée des prix, selon les médias spécialisés Les Échos et L’Usine nouvelle. Une grande partie des droits de douane imposés par le président américain vont en effet se reporter sur le prix de vente des produits qui devrait alors augmenter.
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