- L’épidémie de grippe reste très active en France à l’approche de la nouvelle année.
- Alors que plusieurs sous-types de virus circulent simultanément, les hôpitaux continuent de faire face à des formes graves, souvent chez des patients non vaccinés.
- Vincent Enouf, virologue à l’Institut Pasteur, fait le point auprès de TF1info.
C’est une épidémie qui fait partie de notre quotidien. En France, 2 à 6 millions de personnes sont chaque année touchées par cette infection virale respiratoire contagieuse, selon les chiffres de Santé publique France. Mais alors que de nombreux Français ont le sentiment d’une grippe particulièrement violente cette année, où en est réellement l’épidémie ? Quels virus circulent ? Est-il encore utile de se faire vacciner fin décembre ? Vincent Enouf, virologue et responsable adjoint du Centre national de référence sur les virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur, répond à nos questions.
En cette fin d’année, où en est-on de l’épidémie ?
La grippe est toujours très présente (nouvelle fenêtre) et augmente. Le pic est peut-être devant nous, même si on est incapable de dire quand précisément il arrivera. D’autant qu’il y a un effet vacances : au cours de ces congés, il y a un petit arrêt, puisque les gens ne vont pas forcément chez le médecin ou restent plutôt chez eux. Et l’épidémie repart généralement avec l’ouverture des écoles début janvier. Donc, il faut toujours attendre cette période-là pour savoir si nous avons véritablement atteint le pic ou pas.
Nous avions l’an dernier, un taux de mortalité beaucoup plus important à la même époque
Nous avions l’an dernier, un taux de mortalité beaucoup plus important à la même époque
Vincent Enouf, virologue à l’Institut Pasteur
Beaucoup de Français ont le sentiment d’une grippe plus violente cette année. Est-ce le cas ?
Pour l’heure, ce n’est qu’un ressenti. Elle a, par exemple, été beaucoup plus violente (nouvelle fenêtre) l’an dernier. Vous aviez notamment un taux de mortalité beaucoup plus important à la même époque.
Pour faire simple, nous avons, aujourd’hui, deux virus qui circulent : les H1N1 et les H3N2. Ce n’est pas comme en Angleterre, par exemple, où il n’y avait que le H3N2 qui circulait. Les Anglais ont d’ailleurs connu une saison beaucoup plus précoce et forte que d’habitude et le virus a circulé de manière très intense. En France, pour l’instant, je ne peux absolument pas dire qu’il en est de même.
Est-il encore utile de se faire vacciner fin décembre ?
Oui, si on a la possibilité de le faire, il n’est jamais trop tard. Il faut savoir que ce vaccin protège contre le H1N1, contre le H3N2 en partie, et contre les virus de type B. Car même si ces-derniers aujourd’hui ne circulent pas, ils pourraient très bien réapparaître en fin d’épidémie. Je rappelle également que l’an dernier par exemple, parmi les personnes âgées hospitalisées, une très grosse majorité n’était pas vaccinée (nouvelle fenêtre). Donc si vous l’êtes, vous n’allez pas développer de formes graves, ni être hospitalisé, et, par conséquent, ne pas encombrer les urgences.
D’autant que le vaccin protège aussi les autres…
Tout à fait. À partir du moment où vous êtes vacciné, le virus ne va pas pouvoir se multiplier, puisqu’il va être tué et même anéanti tout de suite. Résultat : cela permet de casser la chaîne de diffusion dans la population, car plus tôt on l’élimine, moins on peut le transmettre. À titre personnel par exemple, même si j’ai moins de 65 ans, je suis vacciné pour protéger mes aînés.
Le vaccin est-il efficace cette année ?
L’efficacité précise sera communiquée par les autorités à la rentrée. Mais pour l’heure, nous sommes sur une efficacité qui n’est pas si mauvaise que cela. Nous craignions des résultats moins bons, notamment parce que le H3N2 qui circule aujourd’hui n’est pas complètement en adéquation avec celui de la composition vaccinale. Mais bonne surprise : la protection est bien présente.
Quels conseils donneriez-vous pour se protéger, en plus de la vaccination ?
C’est un triptyque : se faire vacciner, porter un masque et se laver les mains. On l’a vu avec la Covid, qui même s’il circule encore, a quasiment disparu, puisque nous avons tous mis en place ces gestes barrières au quotidien.












