« Tu veux ce corps ? Alors pose cette barre de chocolat. » « Tu n’es pas un chien pour te récompenser de friandises. » « Tu n’es pas laide, tu es juste grosse »… Voici quelques exemples de propos qui, depuis plusieurs semaines, pullulent sur le réseau social TikTok. Derrière le hashtag #SkinnyTok (contraction de « maigre » en anglais, et de TikTok), la tendance popularisée aux États-Unis, et devenue virale en France, prône, sur le réseau social le plus plébiscité des adolescents, la quête effrénée d’une extrême minceur.
Conseils nutritionnels, défis physiques et sportifs, parcours de perte de poids, photos esthétisantes, propos culpabilisateurs… Les méthodes ne manquent pas. Et elles sont suivies : les photos et vidéos #SkinnyTok (près de 45 000 publications) cumulent déjà 520,2 milliards de vues et 41,8 millions de « likes ». Un phénomène qui alerte nombre de professionnels de santé, parmi lesquels Michaël Stora*, psychologue et auteur de nombreux essais consacrés au numérique. Il explique au Point la mécanique à l’œuvre, rappelle les fragilités de l’adolescence, et alerte sur un mal contemporain décuplé par les réseaux sociaux : l’anorexie sociétale.
Le Point : Qu’inspire au psychologue et spécialiste du numérique que vous êtes le phénomène #SkinnyTok ?
Michaël Stora, DR. Michaël Stora : C’est évidemment dramatique. D’autant plus qu’il touche une population jeune, adolescente, et que l’adolescence est précisément le moment de la vie où l’image de soi […] Lire la suite