En politique, l’analyse d’une défaite n’est pas obligatoire, mais conseillée. L’exercice est souvent pratiqué aux Etats-Unis après une déroute présidentielle. Un an après la réélection de Donald Trump, les membres du Parti démocrate n’auront pourtant pas le loisir de méditer sur les enseignements du rapport commandé par sa plus haute instance, le Democratic National Committee. Ce dernier a décidé de le laisser se recouvrir de poussière numérique jusqu’à l’oubli, manifestement pour ne pas rouvrir des plaies mal refermées, mais sans qu’on sache précisément lesquelles.
Les partisans de la mémoire courte peuvent à bon droit faire valoir que les autopsies des défaites ne produisent pas de manière certaine la recette de la victoire suivante. Après l’échec de Mitt Romney face à Barack Obama, en 2012, le responsable du Parti républicain, Reince Priebus, avait publié une feuille de route prônant une plus grande ouverture vis-à-vis des minorités ethniques, notamment latinos, et un plus grand souci d’inclusivité envers les jeunes et les femmes. Puis Donald Trump avait fait irruption dans la campagne des primaires et gagné sur des mots d’ordre qui prenaient le contre-pied de ses recommandations.
Le cas du Parti démocrate américain est emblématique du cycle politique en cours, dans lequel l’arc des partis de la régulation, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, de politiques environnementales, de capitalisme financier ou de relations internationales, est le plus souvent muet et aveugle – dans la mesure où il éprouverait des problèmes de vision – face à une déferlante ethnonationaliste qui s’abat presque au même moment sur tous les continents. Elle est portée par l’administration au pouvoir à Washington au nom d’un quasi-droit d’ingérence, sans aucun rapport avec celui qui prônait naguère l’intervention dans les affaires intérieures d’un Etat en cas de violations massives des droits humains.
L’exemple des Etats-Unis montre pourtant les limites de cette déferlante. L’image des démocrates a beau être au plus bas selon de nombreux baromètres, comme celui de l’université Quinnipiac (seulement 18 % des personnes interrogées approuvent leur action au Congrès), les excès de Donald Trump poussent néanmoins une majorité relative à souhaiter leur victoire aux élections de mi-mandat, en novembre. Ce paradoxe apparent confirme les bons résultats enregistrés par les démocrates dans les urnes au cours des derniers mois, même si la dénonciation unanime du coût de la vie a permis d’éluder de nettes différences programmatiques selon les candidats.
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