Du règlement de comptes au « narchomicide » [homicide lié au trafic de drogue], puis au « meurtre d’intimidation », la sémantique du trafic de stupéfiants révèle une prise de conscience salutaire de la gravité de son emprise sur notre territoire et nos esprits. Mais cette surenchère dans le vocabulaire est-elle également le signe que la France a perdu le combat contre le crime organisé ? S’il s’agit, comme en son temps contre le terrorisme, de mener une guerre, force est alors de constater que nous avons mis du temps pour sonner la mobilisation générale.
En avril 2024, près de 500 magistrats signaient une tribune [dans Le Monde] alertant sur le « manque abyssal de moyens humains » dans la lutte contre la criminalité organisée. Au mois de mai 2024, à la faveur d’un rapport sénatorial, le monde politique faisait enfin unanimement le constat d’une montée en puissance de la criminalité dite « du haut du spectre » et de l’urgence d’y répliquer par le renforcement, la coordination et la structuration de nos moyens de lutte. Il aura pourtant fallu plus d’un an pour que soit enfin promulguée au Parlement, le 13 juin, la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic. Un an pendant lequel la France est devenue le pays européen le plus touché par les arrivées massives de cocaïne selon l’Office anti-stupéfiants, qui note une augmentation de 45 % des saisies de cocaïne au premier semestre 2025 par rapport à l’année 2024, laquelle avait déjà connu une explosion de 130 % par rapport à 2023.
Pendant cette année d’attentisme, la Belgique et les Pays-Bas, pays où nous assistions sidérés à l’explosion des exécutions et des menaces proférées à l’encontre de personnalités publiques, semblent quant à eux être parvenus à maîtriser l’afflux de drogue aux ports de Rotterdam, d’Amsterdam ou d’Anvers, lequel s’est naturellement déversé dans les ports français.
Violences arbitraires
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