Le vice-président américain JD Vance est arrivé vendredi au Groenland.
S’il est convoité par Donald Trump depuis son premier mandat à la Maison Blanche, ce territoire danois est depuis des décennies dans le viseur de Washington.
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Le second mandat de Donald Trump
Une convoitise séculaire. Si l’appétence américaine pour le Groenland a explosé au grand jour depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, celle-ci n’est pas nouvelle : depuis plus de deux siècles, Washington lorgne sur ce bout de territoire arctique, grand comme quatre fois la France.
Plus précisément depuis 1823 : à l’époque, les États-Unis (dirigés par James Monroe) exigent que les Européens n’interviennent plus aux Amériques, que ce soit par la colonisation ou en instaurant des régimes. Le Groenland appartient alors à une « zone d’intérêt » américaine. Mais le contexte est alors tout autre : cette doctrine est élaborée dans un contexte défensif, les États-Unis souhaitant se débarrasser des Européens et développer une expansion sur le sol américain, en particulier au-delà des Appalaches.
Plus de 10.000 Américains sur place en 1980
Près d’un siècle plus tard, la « doctrine Monroe » devient offensive. En 1917, Washington achète notamment les îles Vierges à Copenhague et reconnaît la souveraineté du Danemark sur le Groenland. Mais, pendant la Seconde Guerre mondiale et alors que le Danemark était occupé par l’Allemagne, les États-Unis ont pris le contrôle du Groenland. Ce territoire a été rendu à la fin du conflit tout en y conservant d’importantes bases militaires : en 1945, ils en avaient 17, avec des milliers de soldats. En particulier à Pituffik, dans le nord-ouest de l’île, où JD Vance s’est rendu vendredi.
La base, baptisée Thule Air Base jusqu’en 2023, est établie entre 1951 et 1953 conformément à un accord de défense entre les États-Unis et le Danemark signé le 27 avril 1951. Le Groenland, qui perçoit un loyer de l’administration américaine, est partie à cet accord depuis son renouvellement en 2004. La base de Pituffik a été utilisée en tant que poste d’alerte contre d’éventuelles attaques de l’URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.
À 1.524 kilomètres du pôle Nord, la base s’étend dans une vallée glaciaire d’environ 16 km de long entre l’inlandsis (le glacier) et la baie North Star Bay. Il s’agit d’un endroit stratégique entre l’Amérique du Nord et l’Europe et cette base assure toujours une mission de surveillance dans l’hémisphère nord. Au plus fort de la Guerre froide, elle comptait, jusque dans les années 1980, plus de 10.000 personnes, des Américains pour la plupart, ainsi que des avions de combat et des bombardiers porteurs de bombes atomiques.
La base n’abrite plus aujourd’hui qu’environ 150 soldats américains, à côté de Danois et de Groenlandais. Mais ce n’est pas tant le nombre des hommes qui compte que la qualité de l’équipement : Pituffik contribue à la détection et à la défense contre les missiles. Cette base militaire, la seule contrôlée par les Américains sur l’ensemble de cette île arctique, compte aussi une station de contrôle des satellites.