MAISON BLANCHE – Une tradition vouée à disparaître durant le mandat de Donald Trump ? C’est en tout cas ce que laisse présager l’annulation de la participation de l’humoriste américaine Amber Ruffin, choisie cette année pour moquer du président en poste − peu importe qui il est − comme c’est le cas chaque année lors du dîner annuel de l’Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA).
Passage obligé pour chaque chef d’État américain, cette soirée se fera sans humoriste après l’annulation décidée ce samedi 29 mars par le groupe de journalistes. Une décision qui intervient dans un contexte particulièrement houleux entre Donald Trump et la presse étasunienne, qu’il cible sans relâche depuis son retour au pouvoir.
Donald Trump contre les médias, une guerre sans merci pour imposer le récit de sa présidence
« Nous n’aurons pas de performance comique cette année », a expliqué dans un courriel le président de la WHCA, Eugene Daniels, évoquant une décision unanime. « En ce moment important pour le journalisme, je veux m’assurer que l’attention n’est non pas sur la politique de la division mais entièrement sur l’idée de récompenser nos collègues pour leur travail exceptionnel », a-t-il fait valoir, précisant que des détails viendraient à l’approche de la date du dîner. L’an dernier, c’est le compagnon de Scarlett Johansson et membre du SNL Colin Jost qui s’était prêté à l’exercice sous les yeux de Joe Biden.
Concernant l’annulation de la présence d’Amber Ruffin, le porte-parole de la Maison Blanche Taylor Budowich s’est contenté d’évoquer une « dérobade ». Pourtant, dès 2017, c’est bien Donald Trump qui s’était dérobé en refusant de participer à ce dîner instauré en 1921. Le dernier président américain à avoir zappé cette soirée était Ronald Reagan en 1981, après la tentative d’assassinat dont il avait été l’objet.
La main sur les accès médias
Dans cette nouvelle affaire, la comique en question, Amber Ruffin, avait affirmé dès le mois de février que « personne ne veut » du président américain à ce dîner annuel, formulant encore récemment des invectives contre lui et son administration comparée à « une sorte de bande de meurtriers », comme le rapporte Variety. En réaction, Taylor Budowich l’a qualifié ce samedi sur le réseau social X d’« humoriste de seconde zone », critiquant au passage sa programmation pour le rendez-vous prévu fin avril.
Il faut dire que les relations entre l’administration Trump et la WHCA se sont grandement détériorées depuis l’investiture fin janvier. Dès le mois de février, la Maison Blanche avait par exemple retiré à la WHCA son pouvoir de décider qui de ses membres couvrent les événements présidentiels, comme elle le faisait depuis presque 100 ans, reprenant ainsi la main sur les accès médias.
L’Association est pourtant une organisation indépendante représentant les journalistes accrédités à la Maison Blanche. En résumé, ceux qui couvrent l’actualité du président dans le Bureau ovale et son avion Air Force One notamment.
C’est d’ailleurs dans ce même mouvement contre la presse que Donald Trump et plus largement la Maison Blanche ont interdit aux reporters de l’agence de presse américaine AP d’accéder au Bureau ovale et au Air Force One. En motivant cette décision par le refus d’AP d’appeler le golfe du Mexique, son nom utilisé internationalement, « golfe d’Amérique », tel que décrété par Donald Trump. AP a déposé plainte contre trois responsables de la Maison Blanche en invoquant le Premier amendement de la Constitution américain, qui protège la liberté d’expression et de la presse.
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