En 1927, le banquier et philanthrope Albert Kahn (1860-1940), qui finance depuis 1909 Les Archives de la Planète et envoie photographes et cinéastes dans le monde entier pour enregistrer des images du monde contemporain, rencontre le père Francis Aupiais (1877-1945), prêtre de la Société des missions africaines. Celui-ci exerce son ministère dans la colonie française du Dahomey – actuel Bénin – de 1903 à 1926. Supérieur de la mission de Porto Novo, il s’intéresse aux religions et aux mœurs des populations, particulièrement au vodun (vaudou). Au Sénégal, durant la première guerre mondiale, il rencontre des ethnologues, dont Maurice Delafosse, qui, comme lui, ne cultivent pas le mépris colonial habituel.
A son retour à Paris, il fréquente l’Institut d’ethnologie, y côtoie ses fondateurs, les anthropologues Marcel Mauss, Lucien Lévy-Bruhl et Paul Rivet, et entreprend des conférences radiophoniques pour, selon ses mots, « réhabiliter la race noire ». Il a donc vite fait de déplaire à la hiérarchie catholique et aux milieux économiques qui se réclament de la grandeur nationale pour faire prospérer leurs affaires, au besoin à l’aide du travail forcé infligé aux « indigènes ». Dès 1927, le supérieur général des Missions africaines dénonce à Rome ce subversif qui se livrerait à une « apologie directe et scandaleuse du fétichisme ».
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