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Les vacances scolaires et les ponts du mois de mai sont souvent l’occasion de grands ménages de printemps. Les « rangeurs » printaniers démarrent généralement leurs travaux dans l’euphorie et les abandonnent vite, comme les plateaux de Monopoly laissés en place, enfants, en se faisant la promesse qu’on reprendra la partie demain, avant de s’avouer quelques jours plus tard qu’elle est terminée.
A quoi on les reconnaît
Ils commencent toujours par le même bureau et les mêmes placards. Ils font des petits tas partout dans le séjour. Ils sortent tous les câbles et chargeurs du tiroir dédié et en font un tas encore plus gros avec ceux qui traînent ailleurs, et se promettent de le trier. Ils laissent des sacs dans l’entrée « à donner » et « à descendre à la cave ». Cette impression d’abattre du boulot les grise complètement. Ils contemplent leur passé à chaque carte de métro, dossard de course à pied, ordonnance de pilule sur laquelle ils tombent. Ils remettent religieusement le dossier « relevés de banque » dans le placard, en oubliant qu’ils les reçoivent par mail depuis deux ans.
Ils ont un porte-monnaie dans lequel ils mettent en vrac toutes les pièces étrangères pour le jour où ils retourneront dans les pays en question. Ils font des photos de vêtements trop petits des enfants qu’ils envoient à des copains en demandant : « Ça intéresse tes enfants ? » Ils trient les médicaments aux dates dépassées. Ils se disent que vu les pénuries de médicaments de ces dernières années, il vaut mieux garder les périmés. Ils se rappellent que des amis viennent dîner et font rapidement un gros tas avec tous les petits tas qui traînent. Ils remettent tous les câbles et chargeurs dans une caisse plus grande que le tiroir. Ils reçoivent des messages sur WhatsApp disant que leurs trésors n’intéressent pas leurs copains parce qu’ils ne correspondent pas au style de leurs enfants. Ils gardent pendant plusieurs mois les sacs « à donner » et « à descendre à la cave ». Au lieu d’avoir du foutoir dans les placards, ils ont désormais des sacs dans l’entrée. Ils finissent par les remettre dans un placard un jour où ils reçoivent des invités.
Comment ils parlent
« L’avantage d’être bordélique, c’est qu’on se réserve de belles surprises. » « Je crois que j’ai jeté la pochette avec le livret de famille dans la poubelle jaune. » « Non, t’assieds pas là, c’est les papiers d’assurance, sur cette chaise. » « J’envie les gens qui jettent. » « L’année prochaine, on n’achète pas de papeterie avec tout ce que je viens de trouver. » « En fait, j’avais un presse-ail… » « T’en connais beaucoup des gens qui ont envie de ranger quand il fait beau ? »
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