dimanche, mai 19
Une affiche de la liste Europe démocratie espéranto, pour la campagne de 2019.

C’est une opportunité en or de faire parler d’eux. Derrière les têtes d’affiche des grands partis, qui mobilisent l’attention médiatique, une flopée de mouvements, parfois inconnus du grand public, tentent de se faire une place dans la campagne des élections européennes du 9 juin. Alors que trente-quatre listes avaient participé au précédent scrutin, en 2019, une trentaine est cette fois attendue. Leur nombre exact sera connu à l’issue de la période de leur dépôt auprès du ministère de l’intérieur, qui s’étale du 6 au 17 mai.

Les modalités d’inscription aux européennes rendent ces élections particulièrement attractives pour les « petits partis ». Car contrairement à d’autres scrutins – comme l’élection présidentielle, par exemple, où les candidats doivent recueillir 500 signatures d’élus –, aucun parrainage n’est nécessaire. Selon Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques à l’université de Lille, cela permet d’offrir « une vitrine médiatique » à des formations qui sont moins familières des scrutins nationaux, leur permettant de faire valoir leurs idées ou leurs causes spécifiques.

C’est tout l’enjeu de la campagne de la section française du parti Europe démocratie espéranto. Pour ce mouvement proeuropéen qui souhaite faire adopter l’espéranto comme langue commune à l’ensemble du continent, le but est avant tout de faire connaître cette langue transnationale. « Tant que l’on suscite de l’intérêt, l’objectif est rempli », observe sa tête de liste, Laure Patas d’Illiers, consciente que sa formation n’a quasiment aucune chance de remporter un siège d’eurodéputé.

Plafond de verre

Mais toutes les « petites listes » ne viennent pas aux européennes pour faire de la figuration. Equinoxe, créée en 2021, a bien plus d’ambitions. La toute jeune formation, qui revendique une ligne écologiste « radicale mais non dogmatique », entend bien remporter des sièges au Parlement européen le soir du 9 juin. « On ne rentre pas dans cette course seulement pour se montrer, affirme la tête de liste, Marine Cholley. On y va avec un programme solide et beaucoup de sérieux pour faire un résultat. »

Marine Cholley en est pourtant consciente : pour des formations comme la sienne, le plafond de verre est bien réel. En France, où il faut atteindre le seuil minimum de 5 % pour obtenir un siège au Parlement européen, les électeurs peuvent être tentés d’éviter les candidats les moins en vue. En 2019, 19,7 % des suffrages avaient été exprimés en faveur de listes qui n’avaient pas réussi à dépasser ce seuil. Des suffrages qui n’avaient ainsi pas pesé sur l’élection des 79 eurodéputés français (sur 705 au total), soit 4,5 millions de bulletins glissés « pour rien » dans les urnes. Une aberration pour Marine Cholley, qui envie le système allemand, où il n’est pas nécessaire de réaliser un score minimal pour remporter un siège à Strasbourg. « Avec [notre] système, la voix d’un citoyen français compte moins que celle d’un citoyen allemand », déplore-t-elle.

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