Le ton est ferme, à la mesure de la déflagration. Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius (SPD), s’est dit « profondément choqué » par les révélations visant le 26e régiment de parachutistes de Zweibrücken (Rhénanie-Palatinat). Le ministre a pointé des « faits accablants » et fustigé des comportements en « contradiction totale avec les valeurs élémentaires de la Bundeswehr ».
Entre dérives néonazies, agressions sexuelles et consommation de stupéfiants, les révélations, qui s’accumulent depuis plusieurs mois, avaient déjà forcé l’état-major à sortir de son silence mi-décembre. Lundi 29 décembre, la publication de nouveaux détails dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung a relancé l’affaire, qui était restée plutôt confidentielle depuis juin lorsque des soldates de cette unité d’élite ont saisi la commissaire à la défense du Bundestag. Leur récit du quotidien à la caserne de Niederauerbach, où stationnent 1 200 soldats, est sans appel : une « bande » y aurait instauré un climat mêlant idéologie néonazie, antisémitisme assumé et violences sexistes.
Contenant « 6 000 pages d’accusation », le dossier ouvert par le commandement de l’armée de terre porte sur plus de 200 délits à caractère pénal et disciplinaire. Les investigations se poursuivent. A ce stade, 55 suspects ont déjà été identifiés dont plusieurs sous-officiers, 19 exclusions de l’unité ont effectives ou en cours, et 16 dossiers ont été transmis à la justice notamment pour usage de symboles anticonstitutionnels. Le parquet dispose de photos de soldats lors d’une « fête nazie » : ils posent en uniforme noir et brassard rouge ; des témoignages font état de références à la Wehrmacht et de saluts hitlériens.
Aveuglement de la hiérarchie
A ce volet idéologique s’ajoute une culture de la violence sexuelle. Les soldates du régiment décrivent des scènes d’exhibitionnisme, des agressions physiques, des propos pornographiques incessants et l’expression répétée de « fantasmes de viol » de la part de leurs collègues masculins et de certains supérieurs.
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