Des propos polémiques, des extraits vidéos qui circulent sur Internet, une stratégie assumée et un long texte produit par une ministre en exercice. En cette fin décembre 2025, au terme d’une année éprouvante pour le monde politique, les tensions se cristallisent autour des choix stratégiques décidés par La France insoumise pour les élections municipales. Ce lundi 29 décembre, Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer, a pris la plume pour dire tout le mal qu’elle pense de la volonté de LFI de privilégier des « candidats racisés » dans les communes populaires en mars prochain.
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« On en arrive à expliquer qu’il faudrait voter en fonction de la couleur de peau. À se féliciter d’avoir des candidats racisés. À laisser entendre que certains Français compteraient moins que d’autres. Les idées et les projets disparaissent, l’engagement aussi ; il ne reste plus que l’origine, érigée en argument politique », dénonce-t-elle dans un long billet publié sur X. Selon elle, la formation de Jean-Luc Mélenchon emprunte « une pente dangereuse » consistant à « vouloir faire de la France un grand champ de bataille communautaire ».
Une « logique de tri destructrice » qui révulse la ministre, laquelle explique avoir « passé [sa] vie à combattre les discriminations qui enferment et qui abîment des vies ». Raison pour laquelle cette membre du parti Horizons « refuse qu’on en installe d’autres, déguisées en morale ou en vertu de façade ». Et Naïma Moutchou d’accuser : « Ceux qui jouent avec ce poison savent très bien ce qu’ils font : ils veulent le désordre à tout prix pour prendre le pouvoir. Quoi de mieux pour eux que de découper le pays en identités rivales ? ».
Propos polémiques
Mais à quoi fait-elle référence ? Depuis plusieurs jours, des propos tenus par des cadres de la France insoumise agitent une partie de la classe politique qui, malgré la trêve des confiseurs, a du mal à décrocher des réseaux sociaux. Surtout à droite et à l’extrême droite. Ici ceux tenus par Sébastien Delogu qui, à Saint-Denis, souligne « l’opportunité en or » que les électeurs ont de pouvoir « enfin élire un racisé » pour que « le réel peuple de France reprenne le pouvoir ». Ou là, par Éric Coquerel qui, en 2017, jugeait nécessaire que « tous les prochains maires du 93 » aient « la couleur de peau des habitants du 93 ». Voilà, entre autres, ce qui fait bondir Naïma Moutchou, et qui a provoqué la réaction du coordinateur national de LFI, Manuel Bompard.
Jugeant le billet de la ministre « inquiétant et malvenu », l’élu des Bouches-du-Rhône l’interroge en réponse : « Qu’y a-t-il de problématique à dire qu’il est essentiel pour la démocratie que les élus soient davantage représentatifs de la population ? Qu’y a-t-il d’inquiétant à agir pour qu’il y ait davantage de femmes, d’ouvriers et d’employés, de personnes racisées ou de jeunes parmi les maires de France ? Ne comprenez-vous pas que ce déficit de représentativité est une des raisons de la fracture entre le peuple et sa représentation politique ? ».
Manuel Bompard l’accuse ainsi de « cotiser aux polémiques de la fachosphère » et dénonce son silence « face aux harcèlements racistes que subissent beaucoup de candidats aux élections municipales, et notamment beaucoup de candidats insoumis ». Une réponse qui n’a pas vraiment convaincu Naïma Moutchou. « Tout ça sonne creux quand on voit que votre propre camp n’a rien de représentatif. Il tourne en vase clos, recycle toujours les mêmes profils, les mêmes codes, le même entre-soi, loin de la réalité des quartiers qu’il prétend défendre », réplique-t-elle, en accusant LFI d’avoir l’indignation sélective.
« Je combats le racisme d’où qu’il vienne, sans tri ni calcul, là où vous choisissez vos indignations selon ce qui vous arrange. C’est toute la différence entre ceux qui défendent des principes et ceux qui s’en servent », conclut Naïma Moutchou. Des accusations que réfute Manuel Bompard, en soulignant que LFI « a permis d’améliorer (légèrement) la représentativité de l’Assemblée nationale » et en répétant que l’objectif du mouvement mélenchoniste est d’œuvrer à diversifier les profils des élus.
Soit le retour de l’éternel débat entre détracteurs et promoteurs de la discrimination positive. Les premiers jugent que le principe mine la promesse républicaine, où ce sont les compétences (ou ici les idées) qui priment, d’autant que cela expose les personnes racisées à des instrumentalisations malveillantes. Tandis que les seconds estiment que le statu quo demeure profondément injuste puisque, dans la pratique, le déficit de représentativité demeure criant.
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