Pour ne plus « jamais marcher seul », – le mantra scandé tous les week-ends à Anfield, l’antre de Liverpool –, Hugo Ekitiké a d’abord dû faire un bon bout de chemin, en solitaire. Recruté à Francfort par les Reds à l’été 2025, contre près de 90 millions d’euros, le longiligne attaquant français de 23 ans a traversé une première partie de saison piégeuse, qui lui a finalement permis d’accélérer son adaptation dans le championnat anglais de football.
A la pointe de l’attaque du club de la Mersey, souvent en tant que remplaçant, et plus récemment en qualité de titulaire, l’enfant de Reims – où il a été formé, avant d’y commencer sa carrière professionnelle – affiche un bilan statistique plus que satisfaisant : 11 buts inscrits en 24 rencontres. De quoi devancer un certain Mohamed Salah, en perte de confiance et d’influence, et endosser le rôle de meilleur buteur d’une équipe de Liverpool championne d’Angleterre en titre, mais particulièrement chancelante.
En automne, malmenée notamment dans son habituelle forteresse, la formation des « Scousers » n’a pu compter que sur une poignée de ses cadres, enchaînant les défaites. Désormais classé sixième de Premier League, après une série plus heureuse, Liverpool peut remercier son avant-centre tricolore, buteur à cinq reprises lors des quatre dernières rencontres. Le fruit d’un long travail, majoritairement athlétique, entamé pour accommoder son physique à la rugosité du championnat d’outre-Manche.
« Il a parfois fallu le convaincre que tout cela était vraiment nécessaire, de devenir plus costaud, mais il l’a toujours fait, a loué son entraîneur Arne Slot, avant d’accueillir Wolverhampton, samedi 27 décembre pour le traditionnel « Boxing Day » de la période des fêtes. Il n’avait pas toujours le sourire aux lèvres, mais il a travaillé très dur pour être de plus en en plus en forme, sur le terrain et en dehors. »
« Il prend de la confiance »
Et ses progrès, particulièrement remarqués par l’exigeant public d’Anfield, ne laissent personne indifférent. Pas même Didier Deschamps. Quelques semaines après son arrivée en Angleterre, Hugo Ekitiké a ainsi reçu sa première convocation chez les Bleus, où il compte depuis six sélections et une réalisation, inscrite le 13 novembre face à l’Ukraine (4-0), sur le chemin des qualifications à la Coupe du monde 2026. Si rien ne lui assure pour le moment une place à la pointe de l’attaque de l’équipe de France, le sélectionneur tricolore lui offre un temps de jeu conséquent, et une place parmi son dense vivier offensif.
« Il prend de la confiance, assurait Didier Deschamps, lors de la dernière sortie des Bleus en 2025, le 16 novembre face à l’Azerbaïdjan (3-1). C’est un jeune joueur, mais avec beaucoup de dynamisme. » Et de l’assurance, l’avant-centre n’en a jamais manqué. Pas même lors de son passage manqué au Paris Saint-Germain (2022-2024), ou ses débuts hésitants à Francfort, la presse allemande allant même jusqu’à le surnommer « Mister Zéro But », après onze rencontres sans trouver le chemin des filets.
Jamais dans la mesure, l’attaquant tricolore avait naturellement reçu de copieuses critiques, le 23 septembre, après avoir offert la victoire aux Reds contre Southampton (2-1) en Coupe de la Ligue, célébré plus que de raison en retirant son maillot – ce qui lui a valu d’être exclu dans la foulée. Une fois l’excuse de jeunesse accordée, ses performances ont fini par effacer cet épisode houleux, toujours dans la mémoire de son capitaine Virgil van Dijk : « Il doit juste rester calme, et continuer de travailler. Ce n’est pas une saison facile pour nous, mais l’avoir avec nous, et le voir produire de telles statistiques, c’est excellent. Nous avons besoin de ça. »
Titulaire en pointe d’une attaque recomposée, en raison de l’absence de Mohamed Salah, parti pour la CAN, et de la blessure d’Alexander Isak, son principal concurrent au poste, Hugo Ekitiké sera attendu au tournant, samedi à Liverpool, lors de la réception de Wolverhampton. Si une nouvelle victoire des Reds leur permettrait de se rapprocher du podium, une nouvelle prestation aboutie du « Frenchie », la dernière avant 2026, confirmerait encore un peu plus son nouveau statut.









