APPLE TV+ – À LA DEMANDE – SÉRIE
L’une avait pour amies Luci et Bom et les autres filles d’un quartier de Madrid, juste après la mort de Franco. Dans son premier grand rôle, elle incarnait Pepi pour Pedro Almodovar, et la Movida pour le reste du monde. C’est Carmen Maura.
L’autre habitait Wisteria Lane, où ses voisines et rivales s’appelaient Bree, Susan, Lynette. De toutes les « Housewives » elle était celle qui refusait le plus énergiquement le désespoir. Entre 2004 et 2012, le personnage de Gabrielle Solis a fait d’Eva Longoria, Texane d’origine mexicaine, une star mondiale.
Du confinement de ces deux figures apparentées (le kitsch, l’outrance mélodramatique) et contradictoires (la subversion, la transgression pour Maura, le conformisme suburbain pour Longoria) dans un village viticole catalan, on aurait pu espérer une vendange tonique, un cru singulier. Il suffit de humer les arômes du premier épisode – conformisme, sentimentalité, humour de seconde main – pour réviser ses attentes : La Terre des femmes ne sera que la version luxueuse (on est chez Apple TV+, la plus cossue des plates-formes) d’une ces séries qui occupent les après-midi des chaînes de la TNT.
Excellence des interprètes
Gala (Eva Longoria) vit à Manhattan, où elle s’apprête à inaugurer une cave de luxe, avec l’appui de son époux (James Purefoy), homme d’affaires prospère. En apparence du moins. Une brève séquence d’ouverture, de celles qui sont immédiatement suivies d’un intertitre « deux jours plus tôt », a prévenu qu’il ne fallait pas faire confiance à cet homme.
Gala doit bientôt renoncer à sa vocation de caviste et fuir New York pour échapper à un duo de gros bras qui pratique une version particulièrement agressive du recouvrement de dettes. Dans sa cavale, elle embarque Kate, sa fille trans (Victoria Bazua) et Julia, sa mère (Carmen Maura), qui présente les premiers signes d’une démence sénile.
Le trio, dont les deux tiers ignorent la vraie raison de ce voyage impromptu, met le cap sur le village natal de Julia, où cette dernière n’a pas laissé que de bons souvenirs. Avant même d’avoir franchi les limites de la municipalité, la conductrice Gala, qui ne se fait pas au changement de vitesses manuel (les observations sur le choc transatlantique des cultures resteront à ce niveau), percute la remorque chargée de grappes d’Amat, vigneron au physique avantageux (Santiago Cabrera).
Que voulez-vous qu’il arrivât ? Que les Catalans un peu arriérés apprennent à respecter toutes les identités de genre, que Julia règle des comptes vieux de plusieurs décennies, que l’irruption des méchants Américains qui en veulent à Gala suscite une union sacrée, que le beau vigneron et la snob new-yorkaise se chamaillent avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. Quoi d’autre ?
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