« Il va y avoir de la haine. » Avant même le début de la nouvelle saison de la Star Academy, le patron d’Endemol France se montrait lucide sur le harcèlement subi chaque année par les candidats du télécrochet de TF1. « La sensibilisation [des participants] à la haine en ligne avant l’entrée au château n’a jamais été autant abordée », assurait Jean-Louis Blot au HuffPost avant le prime de lancement mi-octobre.
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Malgré les appels de la production au respect et au calme, la mécanique infernale de la haine en ligne tourne encore à plein régime cette saison. Le cyberharcèlement ne touche d’ailleurs pas que les élèves mais aussi les professeurs, comme en témoigne le message publié par la répétitrice Lucie Bernardoni ce jeudi 4 décembre sur X. Celle-ci a apporté son soutien à la professeure d’expression scénique Marlène Schaff, se disant « outrée de voir les rivières de haine qu’elle reçoit ».
« Ici il n’y a de place que pour l’amour de la musique et la transmission aux élèves », a insisté celle qui avait été finaliste de la saison 4. La veille, dans la soirée, Marlène Schaff avait pris la parole sur X pour dénoncer l’attitude des « gens de Twitter ». « Quelles études pour être ainsi de fiers juges ? Quelles recherches pour être ainsi acide, méchant et en rire ? », a-t-elle demandé.
« Le cyberharcèlement représente 20 % des messages » selon Visibrain
Cette haine en ligne n’est malheureusement pas marginale. « Les vagues de cyberharcèlement prennent vie sur X et représentent 20 % des messages autour de la Star Academy » selon Visibrain, l’outil de veille des réseaux sociaux, sollicité par Le HuffPost. Ce pourcentage préoccupant est « stable », précise la plateforme, qui constate qu’« au cours de la dernière semaine, la moitié des messages négatifs ciblaient Lily, au cœur d’un épisode de cyberharcèlement ».
La Marseillaise de 22 ans était en danger d’élimination lors du dernier prime et de nombreux messages virulents appelaient à son départ du château. Sa qualification in extremis n’a fait qu’accroître la haine d’internautes malveillants. Visibrain a épinglé plusieurs messages insultants publiés dans les jours précédant et suivant l’émission de samedi : certains cumulent plus de 127 000 vues sur X et des milliers de mentions « j’aime ».
Ce cyberharcèlement a atteint un niveau sans précédent l’année dernière avec les messages racistes et misogynes à l’encontre d’Ebony, arrivée en finale du télécrochet. La situation avait conduit les candidats éliminés, la production et la chaîne à se mobiliser. Les associations SOS Racisme et la Maison des potes avaient aussi annoncé un dépôt de plainte.
TF1 et Endemol ont « engagé des démarches auprès des autorités »
Auprès du HuffPost, le président d’Endemol France Jean-Louis Blot assurait mi-octobre avoir conscience de cette situation. Il expliquait avoir sensibilisé les candidats, mais aussi leurs familles, sans « rien leur cacher » de la violence de la haine en ligne. Les participants sont accompagnés par la production et par « une psychologue » après leur sortie du château, affirmait-il également. Le patron avait aussi prévenu que « des signalements au procureur de la République » étaient effectués « si nécessaire » pour faire face au cyberharcèlement.
La production et la chaîne n’y ont pas coupé cette année. Un communiqué publié mardi sur le compte X de la Star Academy indique que « face à certains comportements, TF1 & Endemol France ont engagé des démarches auprès des autorités compétentes ».
Ce message, à lire ci-dessous et vu plus de 1,5 million de fois sur le réseau social, a aussi permis à la production un rappel à l’ordre plus que nécessaire. « Alors que cette belle saison bat son plein, nous sommes malheureusement obligés de rappeler que la Star Academy doit rester un espace de respect, de bienveillance et de soutien », souligne le communiqué, dénonçant « certains propos à l’encontre d’élèves » qui sont « intolérables ». Un message similaire avait été publié l’année dernière.
« Derrière les téléphones, il y a de vraies personnes qui lisent ça »
Cet appel au calme de la production est intervenu avant les messages de Marlène Schaff et Lucie Bernardoni, mais après que des élèves de la saison ont dénoncé la haine qu’ils ont subie. C’est le cas d’Ema, qui a quitté la compétition le 14 novembre et a témoigné du « harcèlement » dont elle a fait l’objet avant et après son départ au château.
« Dire que ça ne me touche pas serait faux, ça toucherait n’importe qui », a-t-elle confié au magazine belge Ciné-Télé-Revue dans une interview à voir ci-dessous. « Les gens ne se rendent pas compte que derrière les téléphones, il y a de vraies personnes qui lisent ça », a pointé la chanteuse de 25 ans, craignant que certains soient « foncièrement détruits à la sortie [de l’émission] en lisant ça ». « On est juste des jeunes qui ont fait une émission de télé pour poursuivre notre rêve », a-t-elle insisté.
Plus récemment, c’est Mehdi, le premier candidat éliminé cette saison, qui a dénoncé sur les réseaux sociaux le harcèlement dont il a été victime après avoir apporté son soutien à deux candidats encore en compétition. « Le harcèlement n’est jamais ok, a-t-il rappelé vendredi dans une story Instagram, chacun est libre d’avoir des préférences, mais c’est aberrant d’insulter [des gens] pour des avis divergents. » « Pensez aux familles et aux élèves », poursuit-il, avant d’appeler une fois de plus le public à « être bienveillant ». Contacté par Le HuffPost, Endemol France n’a pas donné suite à nos sollicitations.
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