Rien ne se perd, tout se transforme, surtout quand la géopolitique s’en mêle. Ainsi, pendant que l’Europe cherche à recycler ses aimants afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine en matière de terres rares, la Russie recycle ses yuans et resserre ses liens avec Pékin.
La Bourse de Moscou a accueilli, mardi 2 décembre, l’émission du premier emprunt d’Etat russe libellé en yuans. Un projet en gestation depuis dix ans et le début des sanctions internationales contre Moscou après l’annexion de la Crimée. L’opération a permis de lever l’équivalent de 2,4 milliards d’euros.
Certes, les circuits de financement des Etats peuvent être aussi difficiles à suivre qu’un discours de banquier central. Jusqu’au début du XXe siècle, la Russie des tsars avait financé son déficit public en récoltant des fonds dans les grandes capitales, en particulier à Paris, à travers l’émission d’emprunts de sinistre mémoire. Voilà que la Russie de Poutine émet en monnaie chinoise pour attirer l’argent… des entreprises et banques russes. Bizarre ? Non. Logique.
Tout bénéfice pour Pékin
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la mise à l’isolement financier de cette dernière par les pays occidentaux, les échanges commerciaux entre le pays privé de dollars et la Chine se sont intensifiés. La Russie exporte ses hydrocarbures, du charbon, des métaux, vendant beaucoup plus à son voisin que l’inverse, surtout depuis qu’elle a érigé des barrières pour limiter l’afflux de voitures chinoises. Comme Pékin se garde bien de payer en roubles, les exportateurs et banques russes regorgent de yuans.
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