APPLE TV+ – À LA DEMANDE – SÉRIE
Les premières images de La Maison, une déambulation au milieu des métiers à tisser, évoquent des savoir-faire d’un autre temps. Seul le luxe a échappé à la délocalisation et fait que les ateliers Ledu tournent encore. Marque créée ex nihilo pour les besoins de la série d’Apple TV+, la maison Ledu s’inscrit pourtant dans l’imaginaire du téléspectateur à travers une foule de détails familiers.
L’idée de la série est partie de là, explique son producteur Alex Berger, qui fut entre autres celui du Bureau des légendes. « C’était pendant la production du Bureau, j’étais fasciné par l’idée d’un environnement très fantasmé et par la question de savoir comment évoquer un monde que tout le monde connaît, mais sans le connaître vraiment. »
Même si la comparaison est assez superficielle, la série n’est pas sans rappeler Succession dans ses grandes lignes, d’une part pour sa représentation des ultrariches, catégorie sociale largement absente de la fiction française, d’autre part pour son examen des rivalités et inimitiés familiales qui se règlent à coups d’OPA hostiles. « Ce sont des ressorts dramatiques qui fonctionnent depuis la tragédie grecque », s’amuse José Caltagirone (Les Combattantes), cocréateur de la série avec Valentine Milville (Le Bureau des légendes).
Ton ironique et distancé
Dans la série, la famille Ledu est déchirée en deux clans. L’essentiel fait bloc au sein de l’entreprise familiale, richissime et indépendante, à l’exception du frère cadet (Pierre Deladonchamps), qui a fait défection par amour pour rejoindre un conglomérat du luxe sans âme dans lequel on reconnaîtra un mélange à peine dilué de L’Oréal, LVMH et autres Kering.
Bourrée de références et de clins d’œil, La Maison est cependant une pure fiction, ce qui à première vue débarrasse la série de quelques obligations. Pas tant que ça, insistent les créateurs de la série. « Cette liberté nous oblige au réalisme, pointe Alex Berger. Nous devions faire en sorte que les gens qui ne s’intéressent pas à la mode se divertissent, et que ceux qui s’y connaissent ne soient pas insultés par ce qu’ils voient. »
« Le défi a plutôt été de créer une marque de toutes pièces et d’imaginer une mythologie pour la maison Ledu », complète Valentine Milville. En plus d’avoir puisé dans une culture commune de la couture française, les scénaristes ont voulu donner à la série un ton particulier, légèrement ironique et distancé. « Quand on est Français et qu’on pense à la mode, on pense forcément à Loïc Prigent, ajoute-t-elle. Ce ton un peu moqueur, c’est le sel de la mode. »
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