Les forces talibanes ont engagé samedi des « représailles » armées contre des soldats pakistanais le long de leur frontière commune, accusant Islamabad d’avoir mené des frappes aériennes sur leur sol.
« En représailles aux frappes aériennes menées par l’armée pakistanaise sur Kaboul », des forces talibanes sont engagées « dans de violents affrontements contre des forces de sécurité pakistanaises dans diverses zones » frontalières, a indiqué ce samedi 11 octobre le porte-parole d’une unité talibane basée à la frontière.
Des responsables talibans des provinces de Kunar, Nangarhar, Paktia, Khost et Helmand, toutes situées sur la ligne Durand, qui délimite encore aujourd’hui la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, ont confirmé à l’Agence France-Presse que des affrontements étaient en cours.
« Ce soir, les forces talibanes ont commencé à utiliser des armes légères puis d’artilleries lourdes en quatre points de la frontière », a aussi indiqué à l’AFP un haut responsable de Peshawar, au Khyber-Pakhtunkhwa, province pakistanaise frontalière de l’Afghanistan. « Les forces pakistanaises ont riposté par des tirs nourris et abattu trois drones quadricoptères afghans suspectés de transporter des explosifs. Les combats intenses se poursuivent, mais jusqu’à présent, aucune victime n’est à déplorer », a-t-il poursuivi.
Téhéran appelle à la retenue
Lors d’une interview en direct à la télévision d’État iranienne en fin de soirée, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a appelé les deux pays voisins à « faire preuve de retenue ». « La stabilité dans les relations Iran-Pakistan-Afghanistan contribue à la stabilité régionale », a-t-il souligné.
Jeudi, deux explosions avaient retenti dans la capitale afghane et une troisième dans le sud-est du pays. Le lendemain, le ministère taliban de la Défense avait imputé ces attaques au Pakistan, accusant son voisin d’avoir « violé sa souveraineté ». Islamabad n’avait pas confirmé en être à l’origine, mais avait appelé Kaboul « à cesser d’abriter sur son sol les talibans pakistanais (TTP) ». Ce mouvement – formé au combat en Afghanistan et qui se revendique de la même idéologie que les talibans afghans – est accusé par Islamabad d’avoir tué des centaines de ses soldats depuis 2021.
Vendredi, encore, une attaque suicide a visé un établissement de formation des forces de l’ordre et coûté la vie à sept policiers. Onze paramilitaires ont été tués dans le district frontalier de Khyber, et cinq personnes, parmi lesquelles trois civils ont péri dans le district de Bajaur. Les talibans pakistanais ont revendiqué leur responsabilité dans ces attaques sur les réseaux sociaux.
Violence intensifiée
Ces derniers mois, les militants du TTP ont intensifié leur campagne de violence contre les forces de sécurité pakistanaises dans les zones montagneuses frontalières avec l’Afghanistan. Pour Islamabad, ce sont les talibans afghans, de retour au pouvoir à Kaboul depuis l’été 2021, qui favorisent cette résurgence du TTP.
Un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies publié plus tôt cette année estimait que le TTP « a sans doute été le groupe extrémiste étranger en Afghanistan qui a le plus profité » du retour au pouvoir des talibans afghans, « qui ont accueilli et activement soutenu » le mouvement. Mais Kaboul dément fermement et renvoie l’accusation à Islamabad, l’accusant d’aider des groupes « terroristes », notamment la branche régionale du groupe État islamique (EI).
Jeudi, le ministre pakistanais de la Défense a déclaré au Parlement que les multiples tentatives pour convaincre les talibans afghans de cesser de soutenir le TTP avaient échoué. « Nous ne tolérerons plus cela. Unis, nous devons sévir contre ceux qui les aident, que leurs cachettes se trouvent sur notre sol ou bien sur le sol afghan », a-t-il martelé. L’année 2024 a été la plus meurtrière pour le Pakistan en près d’une décennie, avec plus de 1 600 morts dans ces violences, principalement des soldats.








