mercredi, mai 8

Derrière l’acronyme officiel CCUS – captage, stockage et valorisation du dioxyde de carbone –, se cache une des solutions régulièrement avancées par les experts pour décarboner le secteur industriel et permettre à la France d’atteindre son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais c’est aussi le risque, souvent agité par les défenseurs de l’environnement, de permettre aux industriels de pouvoir, in fine, continuer à polluer.

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Le ministre délégué à l’industrie et à l’énergie, Roland Lescure, a lancé vendredi 26 avril un appel à manifestation d’intérêt afin que des entreprises proposent des projets d’enfouissement du CO₂ en France. L’annonce a été faite à Sens (Yonne), depuis l’usine de Technip Energies.

Le gouvernement s’adresse en particulier aux opérateurs de gisements d’hydrocarbures présents sur le territoire, afin de reconvertir leurs puits de pétrole en fin d’exploitation ou épuisés en puits de stockage du carbone. La loi sur la simplification, présentée mercredi en conseil des ministres, prévoit de modifier le droit minier pour faciliter ce type de reconversion. Le groupe canadien Vermilion exploite notamment des puits en Nouvelle-Aquitaine et en Seine-et-Marne, et d’anciens gisements pétro-gaziers existent aussi dans les Pyrénées.

Stocké, mais pas éliminé

La capture et le stockage de carbone consistent à piéger le CO₂ produit dans des usines, à le liquéfier pour le transporter, puis à l’enfouir sous terre ou en mer. Mais ces technologies sont récentes et encore instables. Elles sont également critiquées car le carbone est stocké, mais pas éliminé.

Parmi les cinquante sites industriels les plus émetteurs de CO₂ en France, les deux tiers estiment devoir capter et stocker leur carbone résiduel (celui restant en bout de chaîne, qui n’a pu être supprimé par d’autres moyens techniques) s’ils veulent pouvoir respecter leur contrat de décarbonation signé avec le gouvernement en 2022. Ces industries lourdes (cimenteries, aciéries, alumineries, etc.) ont évalué leurs besoins en captage à environ 8 millions de tonnes de CO₂ en 2030 et à 16 millions en 2040.

Le ministère de l’industrie et de l’énergie a calculé que la reconversion des puits d’hydrocarbures en puits de carbone offrirait un potentiel de stockage de « 800 millions de tonnes de CO », soit l’équivalent de « cinquante ans de stockage de CO de l’industrie française ».

Un impératif à la fois stratégique et économique

Mais, interrogé par Les Echos vendredi 26 avril, Roland Lescure a rappelé que le plan de décarbonation des cinquante sites les plus émetteurs prévoit d’abord des mesures telles que « l’efficacité énergétique, l’électrification, le remplacement du charbon par de l’hydrogène ». « Le captage n’arrive qu’en dernier recours », a-t-il précisé.

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