Le directeur général de la Police nationale Louis Laugier, a affirmé sur BFMTV ce mercredi 31 décembre que la corruption de policiers est un phénomène « minime », « marginal », se limitant à « quelques dizaines de situations ». Pour autant, il s’agit d’un phénomène en augmentation.
« Aucune profession n’est épargnée » par la corruption, pas même les policiers, avait déjà prévenu la cheffe de l’office antistupéfiants (OFAST), Stéphanie Cherbonnier, devant la commission narcotrafic du Sénat en 2023.
L’estimation « quelques dizaines de situations » donnée par Louis Laugier correspond à ce qui figure dans le dernier rapport d’octobre 2025 de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Une « tendance nette à la hausse »
L’IGPN a en effet été saisie 24 fois en 2024 pour des faits de corruption active et 42 fois pour des cas de corruption passive, soit le fait de se faire acheter pour accomplir ou ne pas accomplir un acte. Cela fait 66 cas en tout sur l’année.
L’IGPN affirme que les saisines pour corruption passive connaissent « une progression notable » par rapport à 2023, où 23 saisines avaient été recensées, illustrant une « tendance nette à la hausse ».
Consciente de ce phénomène, la direction de la police nationale a créé le 1er septembre 2025 une délégation nationale anti-corruption (DNAC) au sein de l’IGPN, attentive à la question de la corruption.
Mais « on ne sait pas tout, il peut exister un chiffre noir de la corruption », confie un magistrat spécialisé à BFMTV. Car « les cas de corruption dont nous avons connaissance ressortent souvent à l’occasion d’écoutes téléphoniques. Par exemple un policier qui se fait retourner par un indic ». Mais tous n’apparaissent pas dans leurs radars.
Faux PV, consultation de fichiers, violation du secret professionnel
Comme le note l’IGPN elle-même, d’autres infractions de droit commun peuvent être « l’expression d’un acte corruptif » comme le vol d’un scellé, la consultation d’un fichier, la violation du secret professionnel, la rédaction d’un faux.
Il s’agit dans ce cas des soupçons de corruption, pour lesquels il manque la preuve de la corruption (versement d’une contrepartie par exemple).
L’IGPN a été saisie 93 fois en 2024 pour « violation du secret professionnel », soit la transmission d’informations couvertes par le secret. La plupart du temps, c’est à destination de journalistes, mais dans certains cas, c’est au profit des « objectifs d’investigations » des policiers, note l’IGPN, c’est-à-dire de criminels sous investigation.
De graves conséquences
« Ces violations peuvent avoir des conséquences des plus dommageables sur la conduite des enquêtes comme la fuite de personnes recherchées ou la disparition d’éléments de preuve », ajoute l’IGPN.
Trois fichiers sont détournés plus fréquemment que les autres: le fichier des personnes recherchées (FPR), le traitement des antécédents judiciaires (TAJ) et le système d’immatriculation des véhicules (SIV).
Les faux et usage de faux en écriture publique (procès-verbaux mensongers ou infidèles) connaissent « un mouvement à la hausse », en 2024, avec 98 enquêtes. Ce sont souvent des PV d’interpellation ne reflétant pas la réalité de ce qu’il s’est passé. Mais aussi des PV de perquisitions qui ne rendent pas fidèlement compte des objets ou de l’argent retrouvé, ce qui interroge sur les motivations des policiers.
Des vols en hausse
Le nombre de policiers en cause pour vol dans l’exercice de leurs fonctions est « en augmentation » en 2024 avec 65 enquêtes ouvertes par l’IGPN.
La typologie des vols se répartit entre les vols commis lors d’opérations extérieures (perquisitions) et ceux dans les locaux de police (scellés numéraires ou de stupéfiants, contenu des fouilles). Le font-ils pour leur profit personnel? À la faveur d’un agent corrupteur? Difficile à dire dans les cas enregistrés.
Article original publié sur BFMTV.com









