Les premiers bureaux de vote ont ouvert ce matin et la tension d’un scrutin très serré se ressent déjà. Les instituts de sondages eux-mêmes marchent sur des œufs ; le New York Times donnait ce mardi 5 novembre un très léger avantage à l’actuelle vice-présidente de Joe Biden : 49 % d’intentions de vote pour Kamala Harris contre 48 % pour son adversaire républicain Donald Trump. De son côté, The Economist annonce entre 50 % et 56 % de chances de l’emporter pour la candidate démocrate.
Dans ce qui s’annonce comme l’une des élections les plus serrées de l’histoire, de nombreux enjeux se posent : que se passera-t-il en cas d’égalité ? Quand tomberont les résultats définitifs ? Y aura-t-il des recours juridiques ? Les Américains, pour l’heure, retiennent leur souffle. Retrouvez les résultats État par État cette nuit sur notre carte interactive ci-dessous, mise à jour en temps réel.
Pour l’emporter, le vainqueur doit totaliser 270 grands électeurs
244 millions d’Américains aux urnes, le chiffre peut donner le tournis. C’est presque 5 fois le nombre d’électeurs français aux élections nationales. Fondé sur la Constitution de 1787, le système électoral américain est pourtant bien différent : après l’organisation de primaires pour choisir le candidat de chaque camp, on élit le président au suffrage universel indirect via les 538 grands électeurs des 50 États qui composent le pays. Leur nombre est proportionnel à la population de chaque État, avec trois grands électeurs minimum par État.
Les Américains ne votent donc pas directement pour les candidats, Kamala Harris ou Donald Trump, mais bien pour l’un des grands électeurs qui porteront ensuite leur vote le 17 décembre 2024. Le vote des grands électeurs ce 5 novembre scelle néanmoins déjà la partie.
Pour remporter l’élection présidentielle américaine, il faut cumuler au moins la moitié des grands électeurs, soit 270 voix. Il est donc tout à fait possible pour Kamala Harris ou Donald Trump d’avoir une majorité d’électeurs aux urnes ce 5 novembre mais de ne pas remporter l’élection finale.
S’il y a égalité (c’est-à-dire si les deux candidats remportent chacun 269 voix du collège électoral), il y aura une contingent election. L’élection du président est faite par une Chambre des représentants (avec un vote par État), qui nécessite 26 voix sur 50. Le vice-président, quant à lui, est choisi par le Sénat.
7 « swing States », les États-pivots qui peuvent tout faire basculer
Pour accéder à la Maison Blanche, il faut aussi conquérir un maximum de « swing States », ces États-clés où les résultats sont les plus incertains et où les sondages n’arrivent pas à tirer de conclusion. D’une élection à l’autre, les résultats varient souvent en passant du camp républicain à celui des démocrates.
Il existe 7 « swing states », qui totalisent 93 grands électeurs : la Pennsylvanie, l’Arizona, la Géorgie, la Caroline du Nord, le Michigan, le Wisconsin et le Nevada. La Pennsylvanie est d’ailleurs particulièrement dans le viseur. Au-delà de compter un large nombre de grands électeurs – 19 -, c’est l’État où l’homme d’affaires Elon Musk a concentré ses meetings de soutien à Donald Trump mais aussi celui où a eu lieu la première tentative d’assassinat de l’ex-président en juillet 2024.
Les deux candidats concentrent particulièrement leurs efforts sur ces sept États pivots, où les résultats risquent d’être annoncés plus tardivement.
Quant seront annoncés les résultats ?
Aux États-Unis, le processus de dépouillement est d’autant plus long que les bureaux ne ferment pas à la même heure (les plus tardifs fermeront leurs portes à 7 h, heure française, ce mercredi 6 novembre). Le retard augmente dans les « swing states » où l’écart de voix devrait être mince, d’où un suspense de taille.
Les premiers résultats devraient néanmoins tomber dans la nuit de ce mardi 5 au mercredi 6 novembre en France, mais le scrutin définitif – qui était tombé au bout de 3 jours en 2020 – pourrait se faire attendre, cette année encore. Beaucoup craignent des recours juridiques, comme en 2020, et des demandes de recomptes de voix dans certains États de la part du camp républicain. Par ailleurs, Donald Trump a prévenu : s’il perd, c’est parce que les démocrates auront triché.
Une fois le résultat annoncé par les médias, il doit être certifié dans un délai de cinq semaines. Enfin, après le vote des grands électeurs le 17 décembre, le futur 47e président des Etats-Unis sera investi le lundi 20 janvier 2025 au Capitole.