Sport déjà assez éprouvant de nature, l’aviron ajoute une dose de cruauté avec des finales B pour classer les bateaux entre la 7e et 12e place. Au bassin de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), les Français traînent leur misère et leur déception dans ces courses pour l’honneur, qui ne sont pas sans rappeler les « consolantes » des tournois de foot de juin pour que les équipes éliminées trop tôt s’amusent encore un peu avant de rentrer à la maison.
En Seine-et-Marne, l’aviron tricolore était déjà chez lui. Le bilan n’en est que plus cruel. Zéro médaille et un bateau en finale sur cinq engagés. Il y a de quoi se jeter à l’eau et pas seulement pour se rafraîchir. « Les résultats ne sont pas bons, ils ne sont pas au rendez-vous, on ne va pas dire le contraire », reconnaissait, mercredi 31 juillet, le directeur technique national, Sébastien Vieilledent.
Le champion olympique de 2004 espérait encore éviter le zéro pointé, jeudi 1er août, avec Elodie Ravera-Scaramozzino et Emma Lunatti en deux de couples. Hélas, le duo a échoué à la 5e place avec le regret d’avoir atteint son pic de forme lors des séries avec le meilleur temps. Mais exiger d’un « couple », formé en juin, de sauver la patrie était sans doute beaucoup trop demandé.
Pour la première fois depuis les Jeux de Barcelone en 1992, l’aviron tricolore termine bredouille. A l’époque, Eberhard Mund était appelé à son chevet et amenait avec lui ses méthodes est-allemandes : la répétition ad nauseam de séquences de travail à basse intensité. De la souffrance va naître des résultats. Avec quatre médailles en 1996 et trois en 2020, Mund replaçait la France sur la carte, avant son départ en 2022. Nation anecdotique des bassins pendant des décennies, la France forçait enfin le respect avec même trois titres olympiques entre 2004 et 2021.
Restructurer le haut niveau
Avec une densité bien moins importante que les Britanniques, Néerlandais, Australiens, Néo-Zélandais ou même Roumains, l’aviron français reste sur « une crête en permanence et sans marge de manœuvre », note Sébastien Vieilledent. A Tokyo, les deux bateaux en finale décrochent l’or (Matthieu Androdias-Hugo Boucheron en deux de couples) et l’argent (Claire Bové-Laura Tarantola en deux de poids léger).
Trois ans plus tard, les héros « nippons » finissent leur olympiade par une finale B. Après son élimination en demi-finale, mardi, le cérébral Matthieu Androdias livrait une analyse valable autant pour son cas que pour l’aviron français dans son ensemble. « Aujourd’hui, c’est un peu dur, mais c’est la réalité du haut niveau, souligne cet ingénieur dans le civil. Ça nous rappelle quel exploit c’est de se hisser en finale et d’arracher une médaille. Ça n’a rien de normal. »
Il vous reste 26.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.