- Plus de 236.000 délits de fuite ont été enregistrés en France en 2024.
- Les dégâts matériels provoqués par leurs auteurs peuvent coûter cher aux victimes, faute de responsable.
- Plusieurs d’entre elles témoignent dans cette enquête du 20H de TF1.
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Le 20H
Béatrice cherche des témoins. Un passant, un voisin… quelqu’un qui aurait vu l’accident dont elle a été victime le 17 novembre dernier à Marseille quand une voiture grise a percuté la sienne près de l’école de son fils. Ce jour-là, Béatrice ouvre la portière arrière quelques secondes pour récupérer des affaires lorsqu’un véhicule circulant à vive allure dans la rue heurte violemment sa portière. La conductrice prend la fuite. « Je commence à crier : ‘arrêtez-la’, ‘arrêtez-la’, ‘je n’y crois pas, elle part’, c’est la seule chose que j’ai réussi à dire »
, raconte Béatrice dans le reportage ci-dessus.
Elle garde toujours espoir trois semaines après cet accident. « Peut-être que le conducteur d’une voiture qui était derrière pourrait se rappeler de quelque chose, peut-être une personne qui a vu la voiture abîmée… Ou peut-être que la personne
(qui a commis ce délit de fuite, ndlr) va se raviser »
, espère cette victime d’un accrochage.
La douche froide
Cette femme et son fils n’ont heureusement pas été blessés mais les dégâts sont élevés : près de 4.000 euros de réparation que Béatrice devra payer de sa poche. Dans la panique, elle n’a pas relevé la plaque d’immatriculation de la voiture en fuite et ne peut donc pas être indemnisée par son assurance. Béatrice a porté plainte, mais l’issue est connue. « Les policiers m’ont dit qu’il n’y aura pas d’enquête parce qu’ils sont débordés de travail et parce qu’il n’y a pas eu de dégât grave, dans le sens où il n’y a pas eu de blessé »
, relate-t-elle.
Faute de preuves, de nombreuses victimes de ce type d’accident se tournent vers les réseaux sociaux et lancent des appels à témoins. C’est le cas de Sylvain Dosch. Le 23 novembre au matin, devant chez lui, il découvre sa voiture inutilisable et, au sol, les débris d’un véhicule blanc, les seules traces du responsable. La voiture de Sylvain est couverte par une garantie tout risque. Après avoir porté plainte, il contacte son assurance en vue de l’indemnisation… mais c’est la douche froide. Le coût de la réparation ? Au minimum 16.411 euros. « L’assurance ne me donnerait que 4.800 euros, la valeur du véhicule, vu qu’il est bien entretenu »
, explique-t-il. Pour éviter ces déconvenues, de plus en plus d’automobilistes s’équipent de caméras embarquées, une manière pour eux de prouver l’infraction.
Des délits de fuite plus nombreux
Les comportements irresponsables sont en hausse. Il y a eu 236.019 délits de fuite en France en 2024, soit 25% de plus par rapport à 2017, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (nouvelle fenêtre). Rémy Josseaume, avocat en droit routier, avance des explications sur cette augmentation et sur le profil des auteurs de délits de fuite : « Ce sont généralement des gens qui fuient le lieu de l’accident parce qu’ils ont quelque chose d’autre à se reprocher : une absence de permis, une situation d’alcoolisation excessive, une prise de stupéfiants… De plus en plus de personnes conduisent sans être assurées. »
Fuir est pourtant un mauvais pari : l’auteur d’un délit de fuite encourt trois ans de prison et 75.000 euros d’amende. « La Police nationale travaille avec des moyens précieux : la vidéoprotection, l’exploitation de la téléphonie… Donc il y a toujours une trace, un indice qui est laissé sur le lieu de l’accident et qui va permettre aux policiers de travailler et d’identifier les auteurs »
, indique Agathe Foucault, porte-parole de la Police nationale.
Chaque minute compte après un accident. Plusieurs réflexes vont permettre de faciliter le travail des enquêteurs. Il convient ainsi, dans la mesure du possible, de prendre des photos, comme les dégâts sur son véhicule, les débris au sol et des images de la voiture de la personne responsable de l’accident. Il s’agit aussi de noter tous les éléments comme la plaque d’immatriculation, la couleur et le modèle du véhicule du chauffeur. Il s’agit aussi de repérer les piétons et autres automobilistes, autrement dit tous les témoins potentiels, mais aussi les caméras de surveillance.










