L’usine Vencorex de Pont-de-Claire (Isère), près de Grenoble, a été placée en redressement judiciaire, menaçant 439 emplois.
Au-delà de l’entreprise, c’est toute la filière de la chimie dans la région qui est fragilisée.
Le 20H de TF1 s’est rendu sur place.
Suivez la couverture complète
Grèves, plans sociaux, austérité… Un automne sous haute tension
Cela fait plus de trois semaines que l’usine Vencorex, située au Pont-de-Claix (Isère), au sud de Grenoble, est en grève. Malgré l’arrivée du froid et de la pluie, les salariés sont déterminés à se battre pour sauver leurs emplois. « J’ai 30 ans d’ancienneté, c’est toute une vie, c’est pas possible, elle peut pas fermer comme ça, je ne peux pas y croire », lâche Anne-Marie Delafosse, une salariée gréviste, face à la caméra du 20H de TF1, dans le reportage visible en tête de cet article. L’un de ses collègues, Denis Carré, enchaine : « Je suis rentré à 22 ans dans l’usine, j’ai passé toute ma carrière ici. Le chômage j’ai pas connu, ça fait peur aussi. »
L’inquiétude ne concerne pas uniquement les 464 salariés de cette usine. Car parmi ses activités, elle purifie du sel, la matière première d’autre entreprise, située à peine 8 km plus loin. « C’est un sel d’une qualité assez particulière et il nous faut ce sel. Si Vencorex ne nous fournit plus de sel et qu’on n’a pas d’alternative, on ferme tout simplement le site de Jarrie, 350 emplois sans les emplois induits. On peut estimer qu’on va perdre 2000 personnes », détaille Stéphane Vigne, secrétaire du comité social et économique de l’usine Arkema, à Jarrie (Isère).
Tout le bassin de population profite de l’industrie de la chimie
Un effet domino qui inquiète tous les salariés de cette zone d’activité du sud de Grenoble. « Il y a une incertitude, il y a une peur aussi de savoir comment ça va se passer pour les gens de Vencorex, parce que c’est beaucoup plus avancé que nous. Est-ce que nous on va être touchés de la même manière ? Toutes ces entreprises sont interdépendantes, elles travaillent les unes avec les autres », souligne Franck, responsable du laboratoire de recherche pilote de l’usine Arkema.
Ici, c’est tout un bassin de population qui profite de l’industrie de la chimie. Commerçants, restaurateurs… En tout, près de 6000 emplois. « On a plusieurs usines qui viennent manger ici mais Arkema est une grosse partie de nos clients. C’est très inquiétant », explique Delphine, la responsable d’un food truck.
Pour certains, c’est même la survie du secteur qui est en jeu. « Les plateformes chimiques, elles sont là depuis plus d’une centaine d’années et globalement c’est pas trop dans l’air du temps de créer des nouvelles plateformes chimiques. Donc soit on les sauve, soit on n’aura plus jamais de filière chimie en France », estime le maire du Pont-de-Claix, Christophe Ferrari, également président de Grenoble Alpes Métropole.
Salariés et syndicats demandent une nationalisation de l’usine Vencorex. Le temps de trouver un repreneur.