Il est des dépositions qui ne souffrent aucun commentaire. Il faut les retranscrire brut, pour prendre la mesure de la barbarie qu’a subie Samuel Paty en moins de trois minutes, et de la détermination de son assassin, convaincu de venger le Prophète. Telle est celle de Cécile H., agente non armée de la police municipale qui faisait une ronde dans le quartier ce jour-là, et qui, secouée de larmes, a livré ce récit dans la salle de la cour d’assises spéciale :
« Le 16 octobre 2020, j’ai pris mon service à 6 heures du matin. Un e-mail du maire nous informait qu’une agression à l’arme blanche avait eu lieu quelques jours plus tôt au collège du Bois-d’Aulnes, et j’ai dit à Cédric, mon binôme stagiaire, que nous ferions une patrouille sur le secteur à l’heure de la sortie. Un peu avant 17 heures, nous étions devant les grilles.
La présence d’un garçon entièrement vêtu de noir, en conciliabule avec un collégien en pantalon rouge et deux jeunes filles, m’a tout de suite interpellée. Il était le seul à ne pas porter de sac à dos, j’en déduisais donc qu’il était un élément extérieur au collège. Il nous a remarqués, regardés avec défiance, et j’ai pensé qu’il venait régler ses comptes.
Et puis mon regard a plongé dans le regard de Samuel et, là, j’ai compris…
Le petit groupe s’est dispersé. Les filles sont parties d’un côté, les deux garçons de l’autre. J’ai dit à Cédric, qui avait le volant, de suivre les garçons, mais nous les avons vite perdus de vue, au niveau du 8 d […] Lire la suite