- Le producteur de musique Michel Zecler était l’invité d’Audrey Crespo-Mara, ce dimanche dans le portrait de la semaine de « Sept à Huit ».
- Cinq ans après son agression par des policiers, il attend toujours la date du procès.
- Il évoque notamment les « blessures intérieures » qui sont « difficiles à soulager ».
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Sept à huit
« Je tourne en rond. »
Désabusé, le producteur de musique Michel Zecler attend depuis son agression par des policiers en 2020 que la justice fixe la date d’un procès. « Je trouve que c’est extrêmement long, cinq ans »,
confie ce dernier dans le portrait de la semaine qui lui est consacré ce dimanche 14 décembre dans l’émission « Sept à Huit ».
« Tout ce qui s’est produit a chamboulé ma vie et la vie de certains de mes proches (…) c’est quelque chose qui m’a chamboulé psychologiquement, je suis toujours suivi aujourd’hui là-dessus »,
poursuit-il dans le témoignage à retrouver en intégralité en tête de cet article, précisant que « les blessures intérieures sont difficiles à soulager ».
Et de détailler : « Je n’accepte toujours pas les coups que j’ai reçus gratuitement. Ils n’avaient pas à faire ça. Et pourtant, ils l’ont fait de manière très décomplexée. »
Évoquant ce traumatisme, le producteur explique que les médecins qui le suivent, ses proches mais aussi les inconnus qui, dans la rue, témoignent de leur soutien, lui font du bien. « Ça m’aide, je crois. Lorsque je rencontre des gens qui me regardent et qui me disent : ‘C’est pas normal ce qui vous est arrivé, je suis avec vous’, ça me rassure »,
explique-t-il, espérant réussir à « tourner une page »
un jour. « Parce que là, je ne fais qu’écrire sur la même page depuis cinq ans. »
« Dans leurs yeux, je vois beaucoup de haine »
Le 21 novembre 2020, Michel Zecler a été passé à tabac par trois policiers, lui portant 29 coups en quelque quatre minutes, occasionnant une incapacité totale de travail de 45 jours. L’affaire avait fait grand bruit, images vidéo à l’appui de l’interpellation dont des extraits sont diffusés ci-dessus.
« Lorsque je suis rentré à l’intérieur de mes studios, une personne m’interpelle en m’agrippant. Tout ça, ça va très vite. Elle était habillée en civil. Je n’ai pas tout de suite compris que c’était des policiers. Et là, ça a été très virulent, très vite. Des collègues arrivent derrière, habillés avec l’uniforme de la police. Donc, là, il n’y a plus de doute sur les personnes qui sont dans mon sas d’entrée »,
détaille-t-il face à Audrey Crespo-Mara.
La scène a été intégralement filmée par une caméra de surveillance qui était installée dans le studio mais qui n’enregistre pas le son. « Des policiers dégainent leurs armes. On me demande de sortir et on me le demande en me tirant et en m’insultant »
, poursuit-il, expliquant qu’ils l’ont « insulté de sale nègre, à de nombreuses reprises »,
ce que ces derniers nient.
« Et toutes les fois où les coups cessaient, j’ouvrais mes mains pour pouvoir justement essayer de leur dire que peut-être ils se trompaient de personne. Je ne voulais pas avoir d’attitude virulente. Et je voulais qu’ils le comprennent, mais il n’y avait pas de discussion possible »,
se souvient-il. « Dans leurs yeux, je vois beaucoup de haine que je ne comprends pas d’ailleurs, que je ne comprends toujours pas aujourd’hui »,
confie-t-il. Et de souligner : « C’est très dur à chaque fois de repenser à cette violence et de ne pas pouvoir la comprendre. «
« Il n’y a pas de sanction qui a été prise »
Lorsque les policiers finissent par sortir du studio, ils sont rejoints à l’extérieur par des renforts qui jettent une grenade lacrymogène par la porte entrouverte. Puis, c’est sur le trottoir, que la violence redouble. « À ce moment-là, je me souviens de la peur que j’ai ressentie. Et on se sent impuissant »,
glisse-t-il en revenant sur ce moment qui a précédé son transfert en unité médico-judiciaire où ses blessures ont finalement été constatées : déchirure d’un tendon, crâne ouvert, plaies et hématomes multiples.
Depuis, l’IGPN, la « police des polices », a mené une enquête administrative permettant « d’établir les faits (…) et manquements déontologiques »,
et « proposé au préfet de police de Paris que les quatre policiers comparaissent devant le conseil de discipline »
dans ses conclusions rendues en juillet 2021. « Il n’y a pas de sanction qui a été prise »,
regrette pourtant Michel Zecler, évoquant cette procédure disciplinaire en cours, mais suspendue le temps du judiciaire. Et de détailler : « À partir de 2021, il y avait un rapport qui permettait de mettre en place quelque chose, au minimum, un conseil de discipline ou un tribunal de discipline. Ça n’a pas été fait. On a des policiers qui reconnaissent qu’il y a un problème, qui reconnaissent une bonne partie des choses qui leur sont reprochées, la violence. On a quand même un élément de base pour pouvoir mettre en place quelque chose d’assez concret. »










