Une semaine après les inondations dévastatrices et historiques qui ont ravagé le sud-est de l’Espagne, le premier ministre, Pedro Sanchez, a annoncé, mardi 5 novembre, un premier plan d’urgence de 10,6 milliards d’euros pour venir en aide aux habitants et aux entreprises affectées. « C’est un bon premier pas, un pas agile », a défendu le dirigeant socialiste, en dévoilant une série d’aides pour les sinistrés, mais aussi pour les collectivités locales concernées.
Ce paquet comprend des aides directes ainsi que des allègements fiscaux pour les entreprises et pour les particuliers. Ces aides bénéficieront à « 65 000 travailleurs indépendants » et à environ « 30 000 entreprises », a détaillé M. Sanchez. Le premier ministre a aussi annoncé une ligne de crédits de 5 milliards d’euros pour les PME, les travailleurs indépendants et les familles, sur un modèle « très similaire à ce qui avait été fait pendant la pandémie », selon le chef du gouvernement.
L’exécutif, qui a officiellement déclaré mardi l’état de catastrophe naturelle dans les zones sinistrées, s’est par ailleurs engagé à prendre en charge « 100 % » des dépenses urgentes engagées par les municipalités pour venir en aide à leurs administrés et déblayer les rues.
« Des voisins » manquent toujours à l’appel
Le bilan humain des intempéries s’élève quant à lui à 218 morts : 214 dans la seule région de Valence, trois en Castille-La Manche et une en Andalousie. La priorité reste la localisation des disparus, dont le nombre précis n’a jamais été communiqué. Les autorités s’inquiètent en particulier de la situation dans de nombreux parkings souterrains, totalement inondés, et qui n’ont pas encore été complètement inspectés.
Ces derniers jours, les effectifs de l’unité militaire d’urgence qui interviennent lors de catastrophes naturelles ont installé de nombreuses pompes pour évacuer l’eau. Des plongeurs sont parvenus lundi matin à pénétrer dans le souterrain du parking de Bonaire, un vaste centre commercial d’Aldaia, une commune de 31 000 habitants de la banlieue de Valence. D’une capacité de 5 700 places, dont près de la moitié en sous-sol, il suscitait de nombreuses inquiétudes. Mais, pour l’instant, les secours n’y ont retrouvé aucun corps.
A Picanya, près de Valence, « des voisins » manquent toujours à l’appel, a souligné le maire, Josep Almenar, qui, une semaine après le désastre continue de « sortir les poubelles de la ville, sortir les voitures ». A Paiporta, une ville située dans la banlieue de Valence et considérée comme l’épicentre de la catastrophe, les élus réclament du matériel professionnel pour dégager les centaines de voitures retournées sur les chaussées. « Nous avons besoin de machines, de professionnels qui viennent nettoyer les rues, les vider, pour que les gens puissent s’occuper de leurs maisons », a imploré la maire, Maribel Albalat, sur la chaîne publique TVE.
L’électricité rétablie dans 98 % des foyers
Pedro Sanchez a assuré mardi avoir doublé en trois jours le nombre de soldats et de policiers déployés sur le terrain, le portant à près de 15 000. Ils sont secondés par 287 gardes forestiers, une centaine d’agents des douanes et 44 médecins légistes, a encore énuméré Pedro Sanchez, évoquant aussi « 600 véhicules et machines spécialisés pour le pompage, le nettoyage et l’approvisionnement des zones touchées ».
M. Sanchez a expliqué que « ce déploiement massif, à la fois humain et technique, a permis d’effectuer 1 300 opérations de sauvetage ». « Il a également soutenu les autorités locales et la population dans des tâches telles que l’enlèvement des véhicules et des décombres ou l’inspection des garages et a distribué 95 000 litres d’eau », a-t-il ajouté.
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Selon le premier ministre, 98 % des foyers touchés ont pu récupérer l’électricité, et 68 % leur ligne téléphonique. Quarante kilomètres de routes et 74 kilomètres de voies ferrées ont également été réparés, a-t-il assuré.
Au-delà des mesures d’urgence, Pedro Sanchez a assuré que le gouvernement travaillait sur un plan à long terme pour la région, incluant un plan de « reconstruction » des zones touchées, mais aussi un plan de « transformation », jugé « nécessaire » pour adapter la région à « l’urgence climatique ». Les autorités n’ont pas donné de chiffre global jusqu’à présent sur le coût de cette catastrophe. Mais l’ensemble des acteurs économiques disent s’attendre à une facture astronomique. « Nous allons faire face au sinistre le plus important qu’a jamais connu l’Espagne pour une catastrophe climatique », a insisté la présidente de la fédération des assureurs Unespa, Mirenchu del Valle.