Les enquêteurs les appellent XH1 et XH2. Ils sont soupçonnés d’être montés dans la galerie Apollon du musée du Louvre, le 19 octobre dernier. Les images de vidéosurveillance de la voie publique de la ville de Paris, dont nous avons pu consulter les retranscriptions, retracent les contours de ce cambriolage éclair.
Le cambriolage débute à 9h34 quand XH1 et XH2 pénètrent à l’intérieur de la galerie après avoir forcé la fenêtre d’accès à l’aide d’une disqueuse. XH1, vêtu d’une cagoule noire et d’une doudoune foncée porte des gants et des bas noirs. XH2, lui, porte un casque gris. Les deux malfaiteurs s’emparent des bijoux, les rangent dans une sacoche et dans leur poche.
Un casse en quatre minutes chrono. Et 88 millions d’euros de butin. Au total, les voilà, à ce moment-là, détenteurs de 8.482 diamants, 35 émeraudes, 34 saphirs et 212 perles, qui ornaient les huit bijoux qu’ils sont parvenus à récupérer.
XH1 et XH2 redescendent, tandis que deux autres individus patientent sur le Quai François Mitterrand. Puis tous les quatre prennent la fuite sur deux scooters en abandonnant le camion nacelle sur place. Dans la nacelle, que les suspects ont tenté d’incendier, les enquêteurs vont retrouver la plaque d’immatriculation originelle de l’engin. Et pour cause, il avait précédemment été volé tandis que le tracker du véhicule avait été retiré.
Un étrange ballet dans une cité à Aubervilliers, le matin du cambriolage
Dans cette enquête, de nombreux éléments orientent vers la ville d’Aubervilliers. Les images de la ville de Seine-Saint-Denis ont largement été exploitées par les enquêteurs de la BRB de la police judiciaire Parisienne (Brigade de Répression du Banditisme).
Ainsi, à 7h37, un scooter et un utilitaire blanc quittent une cité d’Aubervilliers, direction Ivry-sur-Seine. Ils arrivent sur place à 8 heures. L’utilitaire se gare, son chauffeur, déjà casqué, monte sur le scooter qui le suivait. Ils retournent ensuite à Aubervilliers, laissant l’utilitaire au sud de Paris.
À 8h37, le camion nacelle, faussement plaqué, entre en scène. Lui aussi quitte la même cité d’Aubervilliers, accompagné du scooter précédemment évoqué. Ils rejoignent le sud de Paris, dans le 12e arrondissement, vers 9 heures.
Peu avant 9 heures, un deuxième scooter quitte lui aussi Aubervilliers. Puis à Pantin, dans une rue discrète, un passager supplémentaire rejoint le conducteur avant de retrouver le reste du commando dans le 12e.
Une fuite savamment organisée
Après le cambriolage, les deux scooteurs roulent direction le sud de Paris vers l’endroit où est stationné le mystérieux utilitaire blanc, qui n’a jamais été retrouvé et qui aurait pu servir à transporter les bijoux. Les quatre suspects se scindent ensuite en deux: deux sur les scooters, deux dans l’utilitaire, un groupe part vers l’Ouest, l’autre vers l’Est de Paris.
Les explications des suspects interpellés
Confondu par des traces génétiques laissées à l’intérieur d’une vitrine et sur un casque abandonné, les enquêteurs sont remontés jusqu’à Abdoulaye N, 39 ans alias XH1. Il a été interpellé le 25 octobre à Aubervilliers. Si il a d’abord refusé de répondre aux questions des enquêteurs, il a fini par avouer, selon nos informations, être bien monté dans la galerie.
Il expliquait alors avoir été contacté deux jours avant le cambriolage par une mystérieuse équipe de deux personnes à l’accent slave, alors qu’il fumait un joint dans un parc. Les deux hommes lui auraient proposé de participer à « un banal cambriolage » contre 15.000 euros. Concernant l’objectif du cambriolage, Abdoulaye N. expliquait penser qu’il s’agissait d’une entreprise inoccupée le dimanche.
Ayed G. alias XH2, était quant à lui interpellé le même jour à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour l’Algérie, avec un billet simple. Sa valise ne contenait que quelques vêtements, dont un casque de moto. Lui était mis en cause par un ADN retrouvé sur un troisième scooter à Pantin pouvant intéresser l’enquête.
Selon nos informations, lui aussi a d’abord nié son implication avant d’avouer être bien monté dans la galerie. Mais il expliquait aussi que les bijoux lui avaient été arrachés dès la descente de la nacelle. Interrogé sur d’éventuels commanditaires, il expliquait avoir été recruté par un mystérieux homme se faisant appeler « LASER ».
Sollicités, les avocats d’Abdoulaye N., Maxime Cavaillé, Florian Godest le Gall, Maxence Gallo et Diala Al-Shaman n’ont pas souhaité faire de commentaires dans l’immédiat. Tout comme ceux d’Ayed G, Me David Bocobza et Me Reda Ghilaci.
Et les autres suspects?
Selon nos informations, l’ADN d’un troisième homme, Slimane K. a été retrouvé à l’intérieur de la nacelle. Le concernant, les enquêteurs s’interrogent sur différents outils retrouvés en perquisition dans un local pouvant intéresser l’enquête.
Enfin, concernant Rachid H, interpellé le 25 novembre dernier en Mayenne, les enquêteurs questionnent notamment des conversations qu’il a pu avoir après les faits. L’homme, qui se décrit « comme un profil plutôt travailleur », venait justement d’arriver sur un chantier à Laval pour y travailler deux jours avant son interpellation.
À ce jour, ces quatre suspects sont mis en examen, et placés en détention provisoire. Ils sont présumés innocents. Les bijoux n’ont pas été retrouvés, on ignore s’ils ont été dessertis, revendus voire cassés ou maintenus dans leur état d’origine.
Article original publié sur BFMTV.com










