Depuis une semaine, des méga-feux ravagent des quartiers entiers en Californie.
Alors que ce type d’événement risque de se répéter à l’avenir, Los Angeles doit accueillir les prochains Jeux olympiques et paralympiques.
Mais la ville sera-t-elle vraiment prête à accueillir le monde en 2028 ?
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Los Angeles en proie à des incendies historiques
Des flammes de plusieurs mètres de haut, des bâtiments carbonisés et des pompiers parfois dépassés par l’ampleur du sinistre. Depuis le 7 janvier, Los Angeles est en proie à d’immenses incendies, dévastant des quartiers entiers sans épargner les célèbres Hollywood et Malibu. Alors que l’heure est toujours aux évacuations, la question de la reconstruction se posera inévitablement dans les prochains jours.
Mais certains se projettent déjà à plus long terme, et notamment vers juillet et août 2028, dates des prochains Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Comme Paris l’été dernier, Los Angeles devra alors accueillir des sportifs et des spectateurs du monde entier, un véritable défi logistique pour la deuxième ville des États-Unis. Mais des voix s’élèvent pour alerter sur les dangers de tenir un tel événement dans seulement trois ans et demi.
La situation actuelle pourrait se répéter, peut-être même pendant les Jeux
La situation actuelle pourrait se répéter, peut-être même pendant les Jeux
Simon Chadwick, professeur d’économie géopolitique du sport à la Skema Business School
Impossible évidemment de savoir si des incendies, par nature imprévisibles, se déclareront lors des quinzaines olympiques (14-30 juillet 2028) et paralympiques (15-27 août 2028). « La situation est clairement grave et, compte tenu de la perspective d’un changement climatique important, on peut se demander si la situation actuelle pourrait se répéter, peut-être même pendant les Jeux », souligne dans le quotidien britannique The i Paper (nouvelle fenêtre) Simon Chadwick, professeur d’économie géopolitique du sport à la Skema Business School.
Sur X, le collectif NOlympics LA, engagé contre l’organisation des JOP à Los Angeles, considère la catastrophe en cours comme une nouvelle justification de leur combat : « Au lieu d’annuler les Jeux olympiques et de se concentrer sur la reprise économique, les responsables veulent accélérer la reconstruction afin que nous puissions les accueillir. » Pour Charlie Kirk, commentateur politique proche de Donald Trump, il conviendrait de les « déplacer ailleurs, dans un environnement plus sécurisé ».
Les sites olympiques au cœur des brasiers
En septembre 2017, le projet LA 2028 a été choisi par le Comité international olympique (nouvelle fenêtre) sur une promesse simple : « utiliser à 100% des sites déjà existants ou temporaires ». Un engagement écologique qui risque d’être compromis, notamment par le Palisades Fire. En continuant à s’étendre ces dernières heures, il menace de futurs lieux de compétition. Par exemple, le Riviera Country Club, réservé au golf, est désormais entouré d’un paysage de désolation.
Plus loin au nord-ouest, la zone de Sepulveda (tir à l’arc, BMX, skateboard) a été prise en tenaille entre le Kenneth Fire, entièrement maîtrisé ce lundi, et le Hurst Fire. Le Rose Bowl Stadium, le stade de football de presque 90.000 places, se trouve près du Eaton Fire. The Daily Bruine (nouvelle fenêtre), de son côté, rapporte que les flammes se rapprochent de manière inexorable du campus universitaire (UCLA), qui se transformera en village olympique à l’été 2028. Historien des Jeux olympiques, Tom Stallings considère, dans une interview au New York Post (nouvelle fenêtre), que les sites endommagés ne pourront pas être réparés en trois ans et que les compétitions devront être déplacées « vers d’autres zones ou stades à proximité« .
Quid de Brisbane en 2032 ?
Si les infrastructures parviennent à être préservées, les JOP 2028 ne seront pas sauvés pour autant, selon des experts. Dans Le Parisien (nouvelle fenêtre), Simon Chadwick évoque même un « méga-événement non assurable ».
Les incendies actuels provoquent des dégâts estimés entre 10 et 15 milliards de dollars, selon l’agence Standard and Poor’s, qui ne prend en compte que les biens assurés. La Californie étant très vulnérable aux événements climatiques extrêmes, la facture pourrait devenir un vrai gouffre financier d’ici à 2028. Les compagnies d’assurance pourraient donc refuser de prendre en charge les catastrophes naturelles impactant les JOP. Les organisateurs devraient alors supporter seuls les éventuelles pertes financières. Paris 2024 avait déjà dû se passer d’assurance annulation, après que plusieurs réassureurs se sont retirés à la suite des coûts engendrés par la pandémie de Covid-19.
Le président du CIO n’a pour le moment pas répondu à ces interrogations, insistant qu’« actuellement, toute l’attention doit être portée sur la lutte contre les incendies et la protection des personnes et des biens ». Mais les mêmes questions se poseront probablement pour toutes les prochaines éditions. En 2032, ce sera au tour de Brisbane, en Australie, d’imaginer des Jeux à l’heure du réchauffement climatique : à l’hiver 2019-2020, le pays avait connu les plus importants incendies de son histoire. 445 personnes avaient alors péri à cause des fumées.