Hervé Chneiweiss est neurobiologiste et neurologue, président du comité d’éthique de l’Inserm.
Quelle a été votre réaction à la publication, dans « Science », d’une alerte collective de 38 scientifiques sur les bactéries miroirs ?
J’ai été assez secoué par cet article. Je ne me rendais pas du tout compte de l’avancement de cette facette de ce qu’on appelle la biologie de synthèse. Pour moi, ce domaine intéressant consiste à jouer avec des briques du vivant pour en faire de l’ingénierie. J’ignorais que ça pouvait aller jusqu’à créer « un second arbre de vie », comme l’ont baptisé certains journaux. Ce texte m’a tellement frappé que j’en ai parlé à la réunion suivante du comité d’éthique de l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale], en janvier. Nous avons décidé de lancer un groupe de travail pour savoir déjà si des équipes étudient le sujet à l’Inserm.
Quelles sont les premières positions issues de cette réunion ?
Tout le monde est d’accord : cette voie de recherche nous paraît complètement irresponsable. On ne fait pas de la recherche et de la biologie juste pour s’amuser, juste pour voir comment les choses peuvent se passer.
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