Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé, jeudi 11 décembre, que les États-Unis continuaient de solliciter l’Ukraine pour obtenir des concessions, dans le cadre des négociations autour du plan de paix.
L’administration de Donald Trump a proposé il y a près de trois semaines un plan visant à résoudre la guerre déclenchée depuis bientôt quatre ans par la Russie. Ce texte est depuis discuté séparément par les Russes et les Ukrainiens avec les Américains.
Donald Trump s’est dit pour sa part « extrêmement frustré » par les deux camps, a rapporté jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, soulignant qu’il voulait à présent « des actes » pour mettre fin à la guerre.
Selon Volodymyr Zelensky, les deux questions essentielles qui reste à négocier sont le contrôle de la région orientale de Donetsk, où se déroule l’essentiel des combats, et le statut de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par Moscou dans le sud de l’Ukraine.
Le président ukrainien a assuré aux journalistes que Washington « voit les forces ukrainiennes se retirer » de la partie de la région de Donetsk qu’elle contrôle encore et qui serait transformée en « zone économique libre » ou « zone démilitarisée ». En échange, l’armée russe se retirerait des zones sous son contrôle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est), mais se maintiendrait dans celles de Kherson et Zaporijjia (sud).
Les régions de Donetsk, contrôlée à plus de 80 % par la Russie, et celle voisine de Lougansk, presque totalement sous son contrôle, sont l’objectif prioritaire du Kremlin en Ukraine. Moscou revendique depuis 2022 leur annexion, comme celle de deux autres régions du sud, celles de Kherson et Zaporijjia, que les forces russes occupent partiellement.
Quant aux garanties de sécurité promises à l’Ukraine, Volodymyr Zelensky a indiqué avoir eu « une discussion constructive et approfondie avec l’équipe américaine » à ce sujet.
Conclure un accord « le plus tôt » possible
Pour trancher sur les questions territoriales, Volodymyr Zelensky a assuré que dans tous les cas, une « élection » ou un « référendum » sera nécessaire en Ukraine. Mardi, il s’était dit prêt à organiser une présidentielle si la sécurité du scrutin pouvait être assurée par les États-Unis, avec les Européens.
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Mercredi, deux responsables ukrainiens avaient confirmé à l’AFP que Kiev avait remis aux États-Unis sa version mise à jour de ce plan, à un moment où le président américain redit son impatience face à Kiev et aux Européens. Le président ukrainien a affirmé jeudi que les États-Unis souhaitaient conclure un accord « le plus tôt » possible.
La version du plan américain révisée par les Ukrainiens lors de négociations à Genève et en Floride n’a pas été rendue publique. Un texte divisé en quatre parties a également été soumis au Kremlin lors d’un voyage de l’émissaire américain Steve Witkoff à Moscou la semaine dernière.
Ces efforts américains interviennent à un moment difficile pour l’Ukraine : la présidence a été déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de Volodymyr Zelensky, l’armée est en recul sur le front et la population est soumise à des coupures de courant à cause des frappes russes.
Dans ce contexte, une note positive a été l’annonce des 27 pays de l’Union européenne d’utiliser, en faveur de l’Ukraine, des avoirs gelés russes en Europe. Ainsi, ils pérennisent les sanctions contre Moscou qui servent de base à leur immobilisation, a annoncé jeudi la présidence danoise de l’UE.
Explosions à Kiev
À Kiev, au moins un membre de la garde nationale ukrainienne a été tué et quatre autres personnes blessées, dont deux policiers, dans l’explosion de deux engins piégés jeudi, a indiqué le parquet local qui évoque un « attentat ».
Sur le terrain, l’armée russe a revendiqué jeudi la capture de la ville de Siversk, dans la région de Donetsk (est), l’un des derniers verrous qui l’empêchait d’approcher les grandes cités régionales de Kramatorsk et de Sloviansk, à une trentaine de kilomètres plus à l’ouest.
Mais, cette annonce a été démentie par le commandement des troupes ukrainiennes du front oriental, évoquant des « petits groupes » de militaires russes qui « tentent de s’infiltrer à Siversk ».
La Russie a revendiqué ces dernières semaines la conquête de plusieurs positions d’importance sur le front, dont le nœud logistique de Pokrovsk – ce qui a été démenti par l’Ukraine – dans la région de Donetsk et les villes de Koupiansk et de Vovtchansk dans celle de Kharkiv (nord-est).
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La « coalition des volontaires », qui rassemble des soutiens de Kiev, s’est par ailleurs réunie jeudi en visioconférence au sujet du plan de Washington.
Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre britannique a résumé : « Il s’agit d’un moment charnière pour l’Ukraine, son peuple et la sécurité que nous partageons tous dans l’ensemble de la région euro-atlantique. »
Avec AFP












