Plus de cinquante personnes ont péri, samedi 23 novembre, dans des bombardements israéliens au Liban, notamment à Beyrouth, selon le ministère de la santé.
Samedi avant l’aube, les habitants de la capitale libanaise se sont réveillés au bruit de grosses explosions, après des frappes israéliennes qui ont détruit un immeuble dans le quartier de Basta, en plein cœur de Beyrouth, creusant un énorme cratère. Le ministère libanais de la santé a fait état en soirée d’au moins vingt morts et soixante-six blessés, précisant qu’il s’agissait d’un bilan provisoire.
La frappe a rasé un immeuble dans une ruelle densément peuplée, laissant un profond cratère, et tout autour des amas de pierre et de ferraille, des bâtiments éventrés et des fenêtres soufflées. L’Agence nationale d’information (ANI) a affirmé que le raid avait été mené par des « bombes perforantes » conçues pour détruire les fortifications.
« C’est la première fois que je me réveille en hurlant de terreur », a déclaré, à l’Agence France-Presse, Salah, un habitant de Basta, âgé de 35 ans. « Je ne sais pas comment exprimer la peur que j’ai ressentie », a ajouté ce père de deux enfants, qui s’est précipité dehors alors qu’il faisait encore nuit.
La frappe n’avait pas été précédée par un appel à évacuer. Comme d’autres quartiers populaires de Beyrouth, Basta accueille depuis le début de l’escalade des déplacés des zones violemment bombardées.
Un quartier de Beyrouth déjà visé en octobre
Le quartier avait déjà été la cible d’une frappe une première fois le 10 octobre. Elle visait le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah, Wafic Safa, qui aurait survécu, selon une source sécuritaire.
Cette source a affirmé que, cette fois encore, un « haut responsable du Hezbollah était visé » par les bombardements de samedi, sans pouvoir dire s’il avait péri. Un député du groupe islamiste pro-iranien, Amin Cherri, a toutefois démenti qu’un dirigeant du mouvement a été pris pour cible à Basta. Ces derniers mois, Israël a pratiquement décimé la direction du mouvement armé en tuant plusieurs de ses chefs.
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L’armée israélienne n’a pas commenté les bombardements sur Beyrouth de samedi dans l’immédiat. Le ministre israélien de la défense, Israel Katz, a simplement affirmé que son pays continuerait d’agir « avec détermination » contre le Hezbollah.
Depuis une semaine, quatre frappes ont visé le cœur de Beyrouth, alors que les raids sur la banlieue sud, désertée par la plus grande partie de ses habitants, s’intensifient. Elle a de nouveau été bombardée samedi, après des appels à évacuer, selon l’Agence nationale d’information.
A Chiyah, l’un des quartiers ciblés, un immeuble a été transformé en un amas de pierre et de ferraille fumant. Autour, des façades éventrées et des fenêtres soufflées. Le quartier de Hadath a également été visé. Dans un communiqué, l’armée israélienne a affirmé avoir visé dans la banlieue sud « des centres de commandement du Hezbollah et d’autres infrastructures terroristes ».
Dix-neuf Palestiniens tués à Gaza samedi, selon la défense civile
Au moins trente-huit personnes ont, par ailleurs, été tuées dans des frappes israéliennes dans l’est et le sud du Liban, notamment dans la ville côtière de Tyr, selon le ministère libanais de la santé.
Depuis le 8 octobre 2023, plus de 3 670 personnes sont mortes au Liban, selon le ministère de la santé, la plupart depuis qu’Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah le 23 septembre dernier.
Samedi, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue américain Lloyd Austin, le ministre israélien de la défense a affirmé qu’Israël continuerait « d’agir avec détermination » contre le Hezbollah. M. Austin a, lui, réaffirmé que les Etats-Unis étaient en faveur d’une « solution diplomatique au Liban ».
Il a également appelé Israël à « améliorer la terrible situation humanitaire » dans la bande de Gaza, où les quelque 2,4 millions d’habitants assiégés par Israël depuis plus d’un an sont menacés de famine selon l’ONU. Dans l’enclave palestinienne, l’armée israélienne a mené de nouveaux bombardements qui ont tué dix-neuf Palestiniens, selon la défense civile. Selon des données du ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, l’offensive militaire à Gaza a fait au moins 44 176 morts, en majorité des civils.
Samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué la « décision courageuse » de la Cour pénale internationale qui a émis des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, accusés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre à Gaza.
Cette cour a aussi émis un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, considéré comme l’un des cerveaux de l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. L’Etat hébreu a annoncé l’avoir tué en juillet à Gaza, mais le groupe islamiste armé palestinien ne l’a pas confirmé.