Lundi 1er décembre, une publication peu commune est apparue sur le compte Instagram de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. L’université de Bologne, la plus ancienne du monde occidental (fondée en 1088, selon une convention d’historiens), cœur battant d’une cité historiquement marquée à gauche, était prise à partie pour avoir abandonné un projet de coopération avec l’académie militaire de Modène sur un curriculum de philosophie hors du commun.
La présidente du conseil assénait : « Il s’agit non seulement d’un choix inacceptable, mais d’un geste portant atteinte aux devoirs constitutionnels qui fondent l’autonomie de l’université », laquelle devrait être « totalement étrangère aux préjugés idéologiques ». Peu importe que l’université ait mis en avant les difficultés pratiques posées par un projet objectivement atypique tandis que couvait une contestation antimilitariste sur le campus.
Seul élément clair : dans la rhétorique de cette dirigeante issue de la matrice néofasciste, l’emploi du qualificatif « idéologique » a toujours valeur d’anathème. Giorgia Meloni faisait écho aux déclarations courroucées du chef d’état-major de l’armée de terre italienne et ouvrait la voie à autant de surenchère de la part de la ministre de l’enseignement supérieur, du ministre de la défense et même du ministre de l’intérieur.
« Une revanche à prendre »
Entre inversion déroutante de la notion d’autonomie et menace voilée de reprise en main, cette attaque a de quoi interroger. Hasard des convergences historiques, elle intervenait alors même que, pour les politistes italiens et autres chercheurs internationaux, l’évolution de la pratique du pouvoir de Giorgia Meloni est déjà en train de mettre en crise les concepts scientifiques utilisés jusque-là pour qualifier son parti, Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), créé en 2012.
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