Mardi 23 juillet. Flavia Coelho s’est mise en mode « pause », au calme à Salernes, dans le Var. Sa base de retranchement quand elle n’est ni en concert ni chez elle à Montreuil (Seine-Saint-Denis), près de Paris, où elle débarqua un jour en 2006 du Brésil, avec deux cents euros en poche. Journée farniente, bronzette, lecture… La chanteuse savoure ici quatre jours « off » bienvenus dans une tournée marathon entamée fin février, avant la sortie, trois mois plus tard, de Ginga (Vagh & Weinmann Music/PIAS), son séduisant cinquième album studio. Elle en chante la moitié des titres dans le répertoire qu’elle présente sur scène, au cours de cette tournée.
Une centaine de dates, jusqu’à l’Olympia à Paris, le 12 mars 2025. « J’aurais peut-être envie de faire deux-trois petits trucs encore après », rectifie, en riant, la chanteuse, jointe par téléphone. Les concerts, l’énergie que lui renvoie le public, elle n’en a jamais assez. La tournée se passe merveilleusement bien, assure la chanteuse. Le concert au festival Les Vieilles Charrues, à Carhaix, en Bretagne, vendredi 12 juillet, restera une étape marquante. « Sans oublier tous ces gens heureux, vus partout où nous passons, inventant même des chorégraphies sur Sistema Solar, un des nouveaux titres, une espèce de compas [genre musical haïtien] à la brésilienne. »
Entourée sur scène de Victor Vagh-Weinmann (claviers, programmations, basse, percussions), son producteur et excellent partenaire musical depuis plus de dix ans, du batteur martiniquais Al Chonville – septuagénaire bon pied bon œil, frappe gaillarde et précise – et du guitariste Caetano Malta (que l’on avait aussi apprécié auprès de Lucas Santtana), Flavia Coelho est à la voix (toujours impeccable), à la guitare, à l’énergie, à l’entertainment, osant même empoigner un trombone. Exercice pas encore très concluant, quand nous l’avions vue au festival Musiques métisses, début juin, à Angoulême… Elle l’admet. « L’idée pour moi, en prenant le trombone sur scène, confie-t-elle aujourd’hui, c’est de dire qu’il faut vaincre ses peurs, ses appréhensions. L’important, ce n’est pas d’être la meilleure, ou la pire, mais c’est d’essayer. »
Hommage aux femmes
Cette prestation a donc valeur de message. Il s’ajoute à d’autres, glissés en douce. « Le mot ginga a plusieurs significations, explique Flavia Coelho. Traduit littéralement, cela veut dire “jeux de jambes”, mais c’est aussi une manière d’être au Brésil. Quand on dit d’une personne qu’elle a la “ginga”, ça veut dire qu’elle sait bouger, danser. » Ce mot désigne également un mouvement de base de la capoeira. « Ce sens-là est particulièrement signifiant pour moi, dit-elle. La capoeira, un art martial créé au Brésil par les esclaves amenés d’Afrique, c’est aussi une danse, donc une manière d’exprimer une lutte “cachée” à l’intérieur de la danse. C’est un peu le sens, ce que je veux exprimer à travers mon album. »
Il vous reste 38.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.