Un corps qui vibre avec une telle intensité qu’on le croirait incendié de l’intérieur par les mots proférés : la façon singulière, inaliénable et captivante dont Alberto Cortes évolue sur la scène se situe dans un au-delà de la danse et du théâtre. C’est une créature étrange qui se faufile entre l’ombre et la lumière, dans le spectacle Analphabet, programmé en décembre au Théâtre de la Bastille. Un être hybride chez qui gestes millimétrés et paroles portées par un timbre enfantin paraissent interchangeables, tant l’un et l’autre relèvent de la poésie pure.
Invité pour la première fois en France, dans le cadre du Festival d’automne, Alberto Cortes est un metteur en scène et performeur espagnol. Né en Andalousie, en 1983, il a grandi à Malaga dans une famille ouvrière, où, se souvient-il, « il n’y avait aucune référence théâtrale ou culturelle ». Son éveil à la création est passé par le cinéma d’art et d’essai, découvert à l’adolescence. Une formation en histoire de l’art, des cours de mise en scène, l’écriture de pièces, plus tard de monologues : depuis l’âge de 26 ans, Alberto Cortes n’a plus jamais cessé de travailler dans les salles de spectacle. Sur les planches de ce théâtre vers lequel il avoue n’être pas venu « par amour », mais pour trouver des réponses aux questions qui le préoccupaient lorsqu’il était jeune. Quelles questions ? Elles avaient à voir, raconte-t-il, avec un sentiment de non-appartenance, une déconnexion du contexte dans lequel il évoluait. « Je cherchais les moyens de me définir, ainsi que des réponses sur le fait d’être gay, et je les ai cherchées dans l’art. » Il les cherche encore.
Il vous reste 65.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.












