Le gouvernement yéménite veut stopper une nouvelle escalade dans ce pays déjà meurtri par plus de dix ans de guerre. Les autorités yéménites, reconnues par la communauté internationale, ont demandé vendredi 26 décembre à la coalition menée par son allié saoudien de prendre des « mesures militaires » pour soutenir ses forces dans un territoire récemment passé aux mains des séparatistes.
Les autorités ont adressé cette requête à Riyad afin « de protéger les civils innocents dans la province de l’Hadramaout et d’aider les forces armées à ramener le calme », a affirmé l’agence de presse officielle Saba.
Plus tôt dans la journée, les séparatistes yéménites ont affiché leur détermination à poursuivre leurs objectifs malgré des avertissements de l’Arabie saoudite, qu’ils accusent de frappes sur leurs positions. Ce mouvement séparatiste du Conseil de transition du Sud (STC) s’est emparé ces dernières semaines de vastes portions de territoire et dit vouloir rétablir l’ancien Etat du Yémen du Sud, indépendant de 1967 à 1990.
Autre signe de tension, plus de 15 000 combattants yéménites appuyés par l’Arabie saoudite sont massés dans des zones stratégiques à la frontière entre les deux pays, selon un responsable militaire yéménite.
Les séparatistes, soutenus par les Emirats arabes unis, ont accusé vendredi l’Arabie saoudite d’avoir frappé leurs positions. « L’armée de l’air saoudienne a bombardé des positions des forces » séparatistes à Wadi Nahb, dans la province de l’Hadramaout, a annoncé la « chaîne indépendante d’Aden », proche du mouvement STC, dans un message publié sur les réseaux sociaux. La télévision a partagé une vidéo montrant un panache de fumée s’élevant du désert, avec des véhicules blancs au premier plan.
Le STC a, de son côté, fait état auprès de l’AFP de deux frappes saoudiennes dans la région. Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat après les frappes. Celles-ci « n’empêcheront pas les populations du Sud de continuer à avancer vers la restauration de leurs droits », ont prévenu les séparatistes dans un communiqué.
Ce mouvement, qui fait pourtant partie de la coalition du gouvernement yéménite internationalement reconnu, s’est dans le même communiqué déclaré « ouvert à tout arrangement » avec Riyad « garantissant la sécurité, l’unité et l’intégrité du Sud ».
« Escalade injustifiée »
L’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition militaire soutenant le gouvernement yéménite, n’a pas commenté pour l’heure ces allégations.
Jeudi, après des affrontements entre les séparatistes et un chef tribal proche du royaume saoudien, Riyad avait condamné des prises de territoires « de manière unilatérale », dénonçant « une escalade injustifiée » et disant espérer un « retrait urgent (…) des forces » du SCT des provinces de Mahra et de l’Hadramaout.
Ces nouvelles tensions pourraient fragiliser davantage encore le pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, au cœur de rivalités régionales. Depuis 2014, le Yémen est plongé dans un conflit dévastateur opposant les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, au gouvernement qui rassemble des forces hétéroclites.
L’intervention de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite en 2015 a aggravé la guerre, qui a laissé le pays divisé, fait des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.
Un calme relatif est cependant revenu depuis une trêve conclue en 2022 entre les rebelles houthistes et les forces gouvernementales. Oman, médiateur-clé au Yémen et également voisin de la province de Mahra, a appelé à « éviter toute escalade (…) et à engager un dialogue politique global ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait averti la semaine dernière que les avancées du STC augmentaient le risque d’une « plus grande escalade » dans ce pays, déjà frappé par l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations unies. « Une reprise totale des hostilités pourrait avoir de graves répercussions sur la paix et la sécurité régionales », avait-il déclaré, exhortant les parties à apaiser les tensions.










