Encore mal connus du public, les PFAS ou « polluants éternels » sont des substances chimiques très résistantes que l’on retrouve notamment dans l’eau du robinet.
Ils s’accumulent dans l’organisme et peuvent, à terme, avoir un effet néfaste sur la santé.
Des chercheurs français ont peut-être découvert une solution, ils nous la présentent en exclusivité.
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Notre planète
Plus question de boire l’eau du robinet en l’état. Cette famille qui témoigne dans le reportage du 20H de TF1, en tête de cet article, a investi 500 euros dans une bonbonne filtrante au charbon il y a quelques mois. « De manière à se sentir plus en sécurité en buvant de l’eau, et avoir une eau purifiée, sans ces produits chimiques qui peuvent être très dangereux », explique Nabil Besbas. Il y a deux ans, des traces de pollution anormalement élevées ont été enregistrées à Chasse-sur-Rhône (Isère), leur commune.
Afin de fabriquer des cosmétiques, des vêtements ou encore certaines poêles, les industriels utilisent des molécules très résistantes, des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), appelées également « polluants éternels » . Lorsqu’ils sont rejetés dans la nature, ces derniers infiltrent les nappes phréatiques… atteignant notamment l’eau du robinet.
Quels peuvent être les impacts sur la santé ? « Un impact négatif sur la fertilité chez l’homme et la femme, un affaiblissement du système immunitaire pour certains vaccins, une augmentation du risque de développer certains cancers et en particulier le cancer du rein », développe Sylvie Remaud, chercheuse neuro-endocrinologue, interrogée dans le reportage.
Des polluants pas si éternels
De plus en plus de collectivités s’attaquent au problème. L’usine de production d’eau potable de Metz (Moselle) ajoute du charbon actif à l’eau. « On met un maximum l’eau en contact avec le charbon pour capturer les composés organiques dissous », détaille David Cuny, directeur de l’usine. Une solution permettant de réduire la quantité de PFAS présentes, mais pas de les éliminer totalement.
Pour tenter de venir à bout de ces molécules, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a lui développé une cuve unique en Europe. Les scientifiques y ont reproduit un sol, ainsi qu’une nappe phréatique contaminée. À l’intérieur, ils testent leur nouvelle solution. En trois ans, ils ont ainsi développé des bulles aux super-pouvoirs. « Les bulles vont emporter toute la saleté absorbée sur les sols, et ça va aussi pousser l’eau qui est polluée. On nettoie les sols et l’eau en même temps, et on récupère le tout », explique méthodiquement Stéfan Colombano, ingénieur chercheur en sites et sols pollués.
Autre prouesse : l’eau concentrée en polluants est placée dans un contenant en métal. Le socle vibre, créant des micro-bulles, qui génèrent des températures extrêmes en explosant, neutralisant enfin les PFAS. « Au sens scientifique, les polluants éternels ne sont pas éternels. Cette méthode permet de dégrader totalement les PFAS », tranche Maxime Cochennec, ingénieur chercheur en sites et sols pollués. D’ici à un an, ces chercheurs espèrent voir cette technique industrialisée afin de dépolluer les sites les plus contaminés.