Quand Luka Modric disputait sa première Coupe du monde, en 2006, Lamine Yamal n’était pas né. Le légendaire meneur de jeu de la Croatie et la pépite espagnole de 16 ans et 338 jours – devenue samedi 15 juin le plus jeune joueur jamais aligné dans un championnat d’Europe – se sont pourtant croisés sur la pelouse du stade Olympique de Berlin, lors du premier choc de la compétition, qui a vu la Roja dominer nettement (3-0) les Vatreni (les « Flamboyants »), et prendre un ascendant déjà déterminant au sein du groupe le plus relevé de cet Euro, qui comprend aussi l’Albanie et l’Italie, tenante du titre.
Vingt-deux années séparent donc Modric de Yamal, et ce chiffre dit un peu le profil des deux équipes. D’un côté, une sélection espagnole qui a bien quelques tauliers derrière pour garder la maison (notamment les Madrilènes Nacho Fernandez et Dani Carvajal) mais qui s’appuie surtout sur de jeunes joueurs véloces : le précoce Lamine Yamal donc, mais aussi le milieu de terrain Pedri Gonzalez et l’ailier gauche Nico Williams, 21 ans tous les deux. De l’autre, une escouade croate qui a roulé sa bosse de Mondial en Euro, avec une ossature de trentenaires déclinants (Luka Modric, mais également Marcelo Brozovic, Matteo Kovacic…) associés à quelques nouveaux visages, dont le défenseur de Manchester City Josko Gvardiol.
Dissemblables, ces deux formations se craignent d’autant plus qu’elles se sont croisées à chaque Euro depuis 2012, lors de confrontations tournant majoritairement à l’avantage des Espagnols. Une tendance qui s’est confirmée samedi à Berlin, tant la Roja a maîtrisé la partie et idéalement lancé sa compétition.
Une Roja au style plus varié
L’équipe entraînée depuis 2022 par Luis de la Fuente n’est plus celle qu’on a longtemps connue, imprégnée d’une très forte culture du jeu de possession, qui lui a amené deux titres européens (2008, 2012) mais aussi, parfois, une forme de domination vaine. Désormais, quand elle sent que ça coince – comme lors des vingt premières minutes du match -, elle se replie, pour mieux attendre l’action qui transperce.
C’est ainsi qu’est arrivé son premier but, à la demi-heure de jeu : le latéral Marc Cucurella récupère dans son camp, passe très vite au milieu Rodri, celui-ci relaye pour Fabian Ruiz qui lance Alvaro Morata d’une passe en profondeur. L’équipier d’Antoine Griezmann à l’Atlético de Madrid n’a plus qu’à finir cette action typique d’un modèle de jeu vertical (1-0, 28e). « Nous les savions forts sur ces phases de jeu, nous avions travaillé ces situations, mais le ballon est passé malgré tout », a regretté le sélectionneur croate, Zlatko Dalic, après la partie. « Mon équipe et capable de mener des attaques construites, en possession, mais aussi des actions rapides, en transition », s’est félicité son homologue espagnol, Luis de la Fuente.
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