Comment dit-on sommermärchen (« conte d’été », cette période d’allégresse que l’Allemagne a connue en accueillant le Mondial 2006) en turc ? On aurait bien posé la question aux supporteurs des Bizim Çocuklar (« les Minots ») réunis dans la fan-zone d’Hambourg, mercredi 26 juin, mais ils sont trop occupés à célébrer. Pas dit, de toute façon, que l’on aurait entendu la réponse dans le concert des cris, des chants, des klaxons qui résonnent dans la ville portuaire, depuis le coup de sifflet final du match face à la République tchèque.
Les images du Volksparkstadion retransmises sur les grands écrans installés aux abords du stade Millerntor, sur le Heiligengeistfeld – le « champ du Saint-Esprit » – dans le quartier de St. Pauli, avaient donné le ton. Ce bourdonnement qui part des tribunes, avant l’explosion de joie alors que l’arbitre roumain Istvan Kovacs officialise la fin de la partie sur le score de 2-1 en faveur des hommes du Bosphore.
La Turquie est qualifiée pour les huitièmes de finale de l’Euro 2024 de football, un niveau qu’elle n’avait plus atteint dans une grande compétition internationale depuis 2008. Clin d’œil de l’histoire, cette année-là, déjà, elle s’était inclinée contre le Portugal lors des phases de groupes, avait remporté son autre duel – face la Suisse – et jouait son billet pour la suite du tournoi continental contre la République tchèque. Une rencontre à rebondissements, qui avait vu les Minots, menés 0-2, en renverser l’issue en une quinzaine de minutes, pour l’emporter sur le fil, 3-2.
Là, le suspens était moindre. Les Bizim Çocuklar débutaient la partie en ballottage favorable grâce à leur victoire sur la Géorgie. Leurs adversaires du soir ayant été défaits par la Seleçao et tenus en échec par les Croisés de Willy Sagnol, un match nul suffisait à s’assurer la place de dauphin du groupe F. Pas besoin d’un miracle, a priori pour voir s’embraser la foule du champ du Saint-Esprit. Fallait-il encore « garder la tête froide », reconnaissait le sélectionneur italien de l’équipe turque, Vincenzo Montella, car dans l’été jusque-là timide d’Hambourg, la température était montée d’un cran, au sens propre comme au figuré.
La prestation ratée contre Cristiano Ronaldo et les siens, quatre jours plus tôt, avait laissé des traces. « J’ai regardé le match jusqu’à 2-0 [le score final a été 3-0], après j’ai éteint la télévision, raconte Ozan – les personnes interrogées par Le Monde n’ont pas souhaité donner leur nom de famille. Le Portugal n’était pas incroyable en plus… Mais la Turquie était pire. » Pas de quoi le dissuader pour autant le jeune homme de 25 ans, drapeau en main et maillot de la sélection sur les épaules, d’assister avec des amis, à son premier match dans la fan-zone. Et il s’est même rendu sur site avec près de quatre heures d’avance sur le coup d’envoi. « On sait que ça sera plein dans peu de temps, l’ambiance va être dingue. »
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