Une représentante républicaine, Nancy Mace, a présenté, mardi 19 novembre, un texte pour empêcher la première personne transgenre élue au Congrès américain, Sarah McBride, d’accéder aux toilettes pour femmes du Capitole. Elle a provoqué dans la foulée de vives critiques du camp démocrate.
« Les hommes biologiques n’ont rien à faire dans les espaces privés des femmes, un point c’est tout », a écrit Nancy Mace dans un message sur X, en présentant son projet de résolution. La démocrate Sarah McBride est devenue début novembre la première femme transgenre élue au Congrès américain.
« C’est d’une cruauté sans limite », a critiqué l’élue Becca Balint, qualifiant le texte d’« odieux ». « La résolution de Nancy Mace est une démarche pathétique pour attirer l’attention de Trump et des médias », a renchéri Mark Pocan, à la tête d’une commission LGBT+ au Congrès. « Et les personnes transgenres en paient le prix », a-t-il fustigé auprès de l’Agence France-Presse. « Il n’y avait pas de toilettes pour femmes à la Chambre avant les années 1990, a expliqué la représentante Melanie Stansbury. Je trouve dégoûtant, honteux, irresponsable et antidémocratique que mes collègues féminines s’en prennent publiquement à une autre collègue et l’attaquent ouvertement. » Le sénateur démocrate de New York, Chuck Schumer, chef de file de la majorité, a lui déclaré que la proposition était « méchante » et « cruelle ».
« C’est un homme », dit Marjorie Taylor Greene
Interrogé mardi, le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a botté en touche, assurant qu’il s’agissait « d’une question que le Congrès n’avait jamais eu à traiter auparavant ». « Nous allons le faire attentivement avec un consensus des membres, et nous répondrons aux besoins de chaque personne », a-t-il ajouté ensuite. « Un homme est un homme et une femme est une femme. Et un homme ne peut pas devenir une femme. Cela dit, je crois aussi que nous devons traiter tout le monde avec dignité. Nous pouvons faire et croire en toutes ces choses en même temps. » « C’est un homme, a déclaré de son côté la représentante Marjorie Taylor Greene. C’est un homme biologique. Il n’a donc pas le droit d’utiliser nos toilettes pour femmes, notre salle de sport pour femmes, nos vestiaires. Il y a plein d’endroits où il peut aller. » Elle a ajouté en avoir « assez de voir la gauche nous imposer son idéologie transgenre malsaine et envahir nos espaces et les sports féminins ».
Les droits des personnes transgenres figuraient parmi les sujets brûlants de cette campagne des élections présidentielle et législatives américaines. L’accès aux toilettes fait partie des sujets en débat, les républicains s’opposant à ce que les femmes transgenres accèdent aux toilettes pour femmes. Ils prétendent que cela permettrait de « protéger » les femmes et les filles.
Une « manœuvre de l’extrême droite », selon Sarah McBride
La principale concernée, Sarah McBride, a elle-même regretté sur X une « manœuvre de l’extrême droite » destinée à « faire oublier qu’ils n’ont aucune solution réelle à proposer aux problèmes des Américains ». « Chaque jour, les Américains travaillent avec des personnes qui ont des parcours de vie différents des leurs et échangent avec eux de manière respectueuse. J’espère que les membres du Congrès pourront faire preuve de la même gentillesse », a-t-elle ajouté. Tout en disant avoir conscience de son image de pionnière, elle a récemment affirmé que ses priorités au Congrès seraient principalement les sujets du coût de la garde d’enfants, du logement, de la santé ou encore du droit à l’avortement.
De telles mesures contre les personnes transgenres ont suscité la controverse dans le pays ces dernières années.