Cinq personnes ont été tuées et 22 autres blessées, mercredi 23 octobre, dans une attaque du siège de la société Tusas, l’une des plus importantes entreprises turques dans le domaine de l’aérospatial et de la défense, dans la grande banlieue d’Ankara. Un homme et une femme lourdement armés se sont introduits dans les locaux et ont ouvert le feu, au moment de la relève des équipes, aux environs de 15 h 30, avant d’être abattus par un groupe d’intervention des forces spéciales. Les autorités ont rapidement interdit la diffusion de toute information supplémentaire sur l’attaque dans les médias et ont ralenti l’accès à plusieurs réseaux sociaux (Facebook, X, Instagram).
Bien que l’action n’ait pas été revendiquée à ce stade, le gouvernement turc a immédiatement désigné l’organisation armée du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), bête noire d’Ankara, qui est classée terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne. « Nous infligeons à ces salauds du PKK la punition qu’ils méritent à chaque fois, mais ils n’en deviennent pas plus sages pour autant. (…) Nous ne lâcherons rien tant que nous n’aurons pas éliminé les terroristes jusqu’au dernier », a déclaré Yasar Güler, ministre de la défense et ancien chef d’état-major. La chaîne d’information Habertürk affirmait dans la soirée avoir retrouvé l’identité de l’assaillant de sexe masculin, né en 1992, qui aurait rejoint le PKK en 2016.
Dans leurs premières réactions officielles, les responsables du DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie, prokurde) ainsi que le très populaire Selahattin Demirtas, emprisonné depuis huit ans, ancien coprésident du HDP (Parti démocratique des peuples, depuis devenu DEM), ont laissé entendre qu’il pourrait s’agir d’une fraction dissidente ou manipulée au sein du PKK. « Certains tentent de saboter par le sang la recherche du dialogue. Qu’ils soient assurés du fait que si Öcalan [Abdullah Öcalan, chef du PKK en prison depuis 1999] prend une initiative [pour renouer le dialogue avec le gouvernement], nous le soutiendrons de toutes nos forces. Nous ne permettrons pas que la voix de la paix soit étouffée à nouveau ! », a déclaré ce dernier dans un communiqué sur son compte X.
Relance du processus de paix
La scène politique était agitée ces derniers jours par la possibilité d’une relance du processus de paix avec l’organisation armée du PKK. Les initiatives du chef du Parti d’action nationaliste (extrême droite), Devlet Bahçeli, pourtant très hostile à toute revendication identitaire kurde, ont notamment surpris. « Que Öcalan vienne s’exprimer lors de la réunion du groupe du parti DEM et qu’il déclare que le terrorisme est terminé et que l’organisation est dissoute », a-t-il déclaré, le 22 octobre, lors d’une réunion de son groupe parlementaire, à Ankara.
Il vous reste 13.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.