Jusqu’au dernier moment, le lieu du rendez-vous devait rester secret. Ce 2 décembre, en fin de journée, des dizaines de personnes bravent le froid pour prendre place sur les bancs en bois de l’église protestante First Grace of the United Methodist Church, à l’ouest de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Pendant que le pasteur installe un écran sur les marches de l’autel, les quelque 200 habitants du quartier et militants pour les droits des réfugiés s’installent et chuchotent entre eux.
« Il faut à tout prix éviter d’attirer l’attention d’agents de la police aux frontières, qui pourraient attendre à la sortie de la réunion pour arrêter du monde », explique Lydia Prislovsky, 26 ans, avocate spécialiste de l’immigration et bénévole au sein de l’ONG Unión Migrante (« syndicat des migrants »). Aux Etats-Unis, les lieux de culte font partie des rares bâtiments où les forces de l’ordre ne peuvent pas pénétrer sans une autorisation explicite de l’autorité religieuse.
Ce soir-là, la jeune femme est venue assister à une formation organisée par la structure de défense des droits des réfugiés. Elle veut être parfaitement au fait des dispositions légales permettant d’aider les personnes arrêtées lors des opérations de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police fédérale de l’immigration, et de la Border Patrol (BP), la police aux frontières.
« Je me sens déjà traumatisée »
Ces neufs derniers mois, à travers les Etats-Unis, à la demande de l’administration Trump, les agents de ces deux entités ont arrêté environ 220 000 personnes accusées d’être en situation irrégulière, lors de violents raids, parfois filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. Chargé de plusieurs dizaines de sessions comme celles-ci à travers la ville, le syndicat des migrants insiste : les enregistrer avec un smartphone est un « droit constitutionnel ». Les images peuvent ensuite être précieuses lors d’éventuelles procédures judiciaires, expliquent-ils.
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