Pour le gouvernement, qui a fait de la défense du « made in Italy » l’un de ses chevaux de bataille, l’affaire est pour le moins embarrassante. Les grandes marques du luxe italien tel que Gucci, Versace, Dolce & Gabana ou encore Ferragamo sont dans le collimateur de la justice pour le fait de travailler avec des sous-traitants qui ne respectent pas la dignité de certains de leurs employés. Jeudi 4 décembre, le parquet de Milan a annoncé l’extension d’une enquête, ouverte en 2024, à 13 grands noms de la mode – parmi lesquels on retrouve aussi les marques françaises Yves Saint Laurent ou Givenchy – sommés de présenter des documents d’évaluation de leurs chaînes d’approvisionnement.
Ce sont des inspections du travail des carabiniers dans les ateliers de confection de cinq fournisseurs qui ont mis la puce à l’oreille de la justice. Dans la région de Florence, où se trouvent de nombreux ateliers à destination de grandes griffes, des ouvriers chinois mais aussi pakistanais ou sénégalais travaillent à des cadences infernales pour des salaires de misère.
« Ce sont des ouvriers sans contrat, sans droits, qui travaillent dix ou douze heures par jour, avec des horaires épuisants, même le samedi et le dimanche, explique Deborah Luchetti, qui coordonne la campagne « Clean Clothes » (« Vêtements propres ») en Italie. Selon les syndicats, les salaires ne dépassent pas 2,5 ou 3 euros de l’heure. « Certains travaillent dans des ateliers délabrés et dangereux, qui sont souvent aussi les lieux où ils mangent et dorment, parfois sous surveillance parce qu’ils sont victimes de chantage », poursuit Mme Luchetti.
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