Les autorités haïtiennes de transition ont annoncé, mardi 2 décembre, l’organisation d’élections législatives et présidentielle en août 2026, dans un pays englué dans une profonde crise politique et ravagé par la violence des gangs qui contrôlent presque totalement la capitale Port-au-Prince.
Plus pauvre pays des Amériques, Haïti n’a pas organisé d’élections en neuf ans et se trouve sans président depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en juillet 2021. Il est actuellement dirigé par des autorités de transition qui ont eu du mal à s’accorder sur divers sujets, dont le calendrier électoral.
Après l’adoption, lundi, d’un décret sur la tenue des élections, « nous pouvons à présent commencer le calendrier électoral », a déclaré à l’Agence France-Presse Jacques Desrosiers, président du Conseil électoral provisoire, une entité institutionnellement indépendante de l’exécutif.
« Le rétablissement de la sécurité est un préalable pour la réalisation du premier tour le 30 août 2026 », a-t-il ajouté, en référence aux élections législatives et présidentielle. Haïti subit depuis longtemps la violence des gangs, mais la situation s’est aggravée depuis début 2024, lorsque le premier ministre de l’époque, Ariel Henry, avait été poussé à la démission par ces groupes armés, qui contrôlent désormais 90 % de Port-au-Prince, selon l’ONU.
Une « force d’élimination des gangs » envisagée
Les Etats-Unis ont salué l’annonce des élections qui « marque une étape importante vers la stabilisation de la sécurité et de la gouvernance en Haïti ». « Nous encourageons les dirigeants politiques, la société civile et la communauté internationale à soutenir le rétablissement de la stabilité en Haïti », a déclaré le département d’Etat dans un communiqué.
Ce dernier a également évoqué la tenue d’une conférence le 9 décembre à New York portant sur « la création d’une force d’élimination des gangs ». Fin septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert à la transformation de la mission multinationale déployée en Haïti en une force antigang plus robuste. Pour aider la police haïtienne dépassée, le Conseil de sécurité avait approuvé en 2023 la création de la mission multinationale. Mais, sous-équipée et sous-financée, ses résultats restent plus que mitigés.
Les bandes criminelles commettent meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique chronique dans ce pays des Caraïbes.
Le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, avait salué lundi sur X l’adoption du décret, qui « offre enfin au peuple haïtien la possibilité de choisir librement et en toute responsabilité celles et ceux qui doivent le diriger ».
« En franchissant cette étape décisive, alors que nous restons pleinement mobilisés pour le rétablissement de la sécurité, nous réaffirmons notre engagement à remettre Haïti sur la voie de la légitimité démocratique et de la stabilité », avait-il ajouté.














