Les épaules fluides et le regard rieur, une casquette en cuir vissée sur la tête, le poète le plus incisif de Géorgie ouvre d’un geste résolu la porte de son atelier. Malgré l’opération qu’il a subie début décembre, Konstantine Kubaneishvili, connu sous le nom de Koté, arpente chaque soir l’avenue Roustavéli, l’artère principale de Tbilissi. Là où, aux côtés de milliers de Géorgiens, l’élégant septuagénaire conteste les résultats des élections législatives remportées le 26 octobre par le parti Rêve géorgien, et l’accession à la présidence, le 14 décembre, de l’ex-footballeur ouvertement prorusse Mikheïl Kavelashvili, 53 ans.
Tous réclament un nouveau scrutin et exigent la libération des manifestants arrêtés et parfois tabassés par des membres des forces de l’ordre du parti au pouvoir depuis 2012, accusé par les opposants géorgiens et de nombreuses chancelleries occidentales de dérive autoritaire. L’annonce, le 28 novembre, par le premier ministre, Irakli Kobakhidze, de la suspension du processus d’adhésion à l’Union européenne a enflammé les esprits et les poubelles, érigées en barricades dans quelques rues de la capitale. Le poète, amoureux de littérature occidentale, ne peut imaginer que la Géorgie ne soit pas européenne.
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